Culture

Philharmonique d’Israël, l’euphorie des harmonies

CONCERT Ils seront le 12 septembre à la Philharmonie de Paris dans un programme exceptionnel accompagné par le grand violoniste israélien Gil Shaham. À ne pas manquer  !

C’est un orchestre qui nous rend euphorique et heureux, car son existence même tient du miracle. Je me le dis chaque fois que je traverse cette place magnifique, à Tel Aviv où trône leur maison, ce bâtiment, comme un immense bateau qui va nous emporter sur les flots de la musique. J’ai toujours le cœur qui bat et je vois les fantômes du passé défiler.

Tous les chefs et musiciens prestigieux qui ont goûté avec une ferveur intense le soupçon de perfection qu’il y a dans la sonorité dorée des cuivres, la majesté des pupitres de cordes jamais égalée comme s’ils étaient tous des premiers violons. Oui, il faudrait égrener les noms : les Perlman, Rubinstein, les Solti et les Mehta, les Barenboim et tous ceux qui ont joué avec eux. Je garde le meilleur pour la fin, c’est bien sûr Leonard Bernstein, chef invité à vie qui aimait tellement cet orchestre et s’échappait dès qu’il le pouvait pour diriger cette formation en ébullition. Et cela par vents et marées, par temps de guerre et de paix.

Je me souviens d’Isaac Stern venu jouer avec eux pendant la guerre du Golfe, un masque à gaz lui couvrant le visage, et son violon mythique avait une résonance particulière. J’écris et mon regard vient se figer sur cette photo que j’ai dénichée dans un vieux magasin où s’entassaient des centaines de négatifs d’un Israël disparu. Elle date de 1936 et a été prise sur le vif, Bronislaw Huberman serre la main d’Arturo Toscanini qui vient de diriger le futur philharmonique d’Israël. Bravant Mussolini et Hitler, il vient jouer avec leurs plus grands ennemis : les juifs. C’est son Tikoun Olam et l’achèvement de cet homme libre dont la fille Wanda épousera plus tard un jeune pianiste russe, Vladimir Horowitz. Derrière ces deux célébrités, les musiciens sourient et semblent resplendissants mais ce n’est que l’illusion du cliché, le temps furtif de la pose et de l’excitation que le photographe de l’époque Rudi Weissenstein a saisi. Ils savent que leurs parents et amis sont restés en Allemagne, en Autriche, en Pologne, en Hongrie. Et que le sort que leur réservent les nazis sera terrible. Bronislaw Huberman, violoniste polonais légendaire, les a sauvés, et cet orchestre est celui des exilés, ne l’oublions jamais. Combien de familles ont eu la vie sauve grâce à lui. Car il va arpenter tous les pays d’Europe pour ce projet archifou soutenu par beaucoup de personnalités dont Albert Einstein. Aujourd’hui, les temps ont changé, et en habile manager Avi Shoshani voit en la figure du si jeune Lahav Shani, né en 1989, assistant de Zubin Mehta, une occasion unique de rajeunir l’orchestre et de lui donner une autre image. Ce pianiste de génie saute sur la scène, virevolte avec passion et imprime avec sa baguette le sublime … Les notes ont enfin une couleur, celle du bonheur. Je l’ai vu maintes fois diriger, c’est rapide et fulgurant, que ce soit la Bohème ou la Symphonie fantastique, tout le répertoire lui va. Il est aussi directeur de l’orchestre de Rotterdam et bientôt de celui de Munich ! Parcourant le monde avec l’orchestre du cœur, il sera le 12 septembre à Paris, à la Philharmonie avec un programme superbe : le concerto pour violon de Tchaïkovski et la première symphonie de Brahms. Là aussi, un autre génie sera sur scène, le violoniste israélien Gil Shaham, à la carrière internationale. Il joue avec un Stradivarius sur lequel il a imprimé sa signature puissante et lyrique. J’aime son physique d’éternel adolescent, fragile et déployé comme une liane. Choc de deux titans de la musique, complices d’autres vies. Sûr que ce soir-là les harmonies iront directement dans le ciel et que les notes magiques vont convoquer les musiciens disparus et morts à Auschwitz : Viktor Ullmann, Friedrich Schorr, Alma Rosé, Erwin Schulhoff, Gideon Klein… Hélène Schoumann

Le 12 septembre, 20h : Philharmonie de Paris Le 13 septembre : Keren Hayessod, soirée caritative à Monaco.

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