Israel

Netanyahou reprend les rênes diplomatiques

GOUVERNEMENT Le Premier ministre israélien n’a pas apprécié la gaffe libyenne de son ministre Eli Cohen, alors que les pourparlers avec l’Arabie saoudite entrent dans une phase sensible.

Benyamin Netanyahou a-t-il laissé la bride sur le cou de son ministre des Affaires étrangères ? L’incident libyen continue de surprendre, quand on sait avec quelle vigilance le chef du gouvernement conduit et contrôle d’ordinaire sa politique extérieure. Eli Cohen n’aurait pas dû se presser de révéler son entrevue fin août avec son homologue libyenne Najla Mangoush, qui a dû depuis disparaître des radars pour éviter les représailles. Le chef du gouvernement libyen Abdelhamid Dbeidah a d’ailleurs abandonné sa ministre à son sort et donné des gages de sa « bonne foi » et de sa loyauté envers les Palestiniens, assurant qu’une normalisation avec Israël n’était pas à l’ordre du jour. Le chef du gouvernement israélien a, depuis, admis que l’initiative médiatique de son ministre n’était « pas heureuse ».

Benyamin Netanyahou n’a pas tardé à reprendre les rênes. Même s’il ne pouvait plus effacer la gaffe d’Eli Cohen, ni les dommages causés à de longs mois d’efforts de rapprochement avec le gouvernement de Tripoli, il veille du moins à ce que cela ne refroidisse pas d’autres candidats à la normalisation, à commencer par l’Arabie saoudite. Le 29 août, il n’a pas tari d’éloges à l’égard des dirigeants saoudiens pour leur « bon voisinage » et l’accueil qu’ils ont réservé aux 128 passagers israéliens du vol Air Seychelles, contraint d’atterrir en urgence à l’aéroport de Djeddah, rappelant ainsi l’importance de la diplomatie « soft » et du profit qu’on pouvait en retirer.
Il semble d’ailleurs que les efforts de normalisation entre Riyad et Jérusalem progressent, mais dans la plus totale discrétion. Le chef du gouvernement israélien se contente de souligner en toute occasion les bienfaits d’une paix avec l’Arabie saoudite, comme il l’a fait le 4 septembre à Nicosie, en expliquant qu’un « axe israélo-saoudien ouvrirait à Chypre et à la Grèce une voie royale vers la péninsule indienne ». Il reste toutefois à finaliser le prix qu’exigera l’Arabie saoudite, tant vis-à-vis d’Israël sur des concessions aux Palestiniens, que des États-Unis sur un programme nucléaire civil assorti d’un enrichissement d’uranium local. Deux conditions que Benyamin Netanyahou s’abstient d’aborder quand il évoque le rapprochement avec le royaume du Golfe.
Car tout est là : contrairement à la politique, la diplomatie se joue en coulisse et dans le culte du secret. Les rencontres et les discussions restent dans l’ombre et leurs acteurs ne doivent en révéler la teneur que lorsque tout est signé et même parfois encore plus tard. En attendant, Eli Cohen qui s’est rendu à Manama pour inaugurer l’ambassade d’Israël au Bahreïn a retenu la leçon et s’est contenté de déclarer qu’Israël « escomptait une normalisation avec d’autres États arabes ». Pascale Zonszain

Supplément du journal

Petites annonces

Votre annonce ici ? Ajouter mon annonce

Publicités

Bouton retour en haut de la page

Vous ne pouvez pas copier le contenu de cette page