Le directeur de Yad Vashem bientôt révoqué ?
POLITIQUE L’annonce d’une possible révocation par le ministre de l’Éducation du directeur du mémorial israélien de la Shoah, a suscité une vague de protestations académiques et diplomatiques.
Dani Dayan ne se doutait pas qu’il avait tant d’amis. Le président du comité directeur de Yad Vashem, nommé en 2021 par Gideon Saar, ministre de l’Éducation du gouvernement Bennett, pourrait être évincé au profit de Keren Barak, une ancienne députée du Likoud et proche de Benyamin Netanyahou. Motif invoqué pour le limogeage de Dayan : une mauvaise gestion de l’institution, mais aussi l’invitation de la chanteuse Keren Peles, connue pour ses prises de position contre la réforme judiciaire, et qui avait assuré la partie artistique de la cérémonie du Yom HaShoah en avril dernier. Depuis cette révélation par la chaîne N12, l’affaire est devenue politique. Le ministre de l’Éducation Yoav Kisch est accusé de faire passer Yad Vashem sous le contrôle de la coalition. Mais surtout, la possibilité d’un renvoi de Dani Dayan enflamme le milieu universitaire international, où plus de 120 historiens et spécialistes de la Shoah s’insurgent dans une lettre ouverte contre ce qu’ils perçoivent comme une atteinte à l’indépendance de l’institution. L’historien Jan Grabowski rappelle que Yad Vashem avait fait entendre la voix de l’histoire, quand la Pologne avait réclamé d’Israël en 2018 la reconnaissance d’une haine anti-polonaise au même titre que l’antisémitisme. « Il est fondamental qu’une institution comme Yad Vashem soit le gardien de l’histoire alors que l’antisémitisme se propage à nouveau », plaide l’historien canadien d’origine polonaise. La coordinatrice de l’UE pour la lutte contre l’antisémitisme Katharina von Schnurbein a rappelé que « Yad Vashem était un acteur-clé dans la recherche sur la Shoah ». Deborah Lipstadt, l’historienne de renommée mondiale et émissaire américaine contre l’antisémitisme, a souligné que « la valeur inestimable des travaux de Yad Vashem était due à son professionnalisme et son indépendance ». Dani Dayan a été consul d’Israël à New York et président du Conseil des implantations de Judée-Samarie. Son prédécesseur, Avner Shalev, avait siégé 28 ans à la tête du mémorial, où il avait été nommé par la ministre Meretz Shulamit Aloni. P. Z.
