Edito

Oslo, un échec à surmonter

Aux yeux d’une grande majorité d’Israéliens, « Oslo », cette poignée de main iconique, apparaît désormais comme une chimère, un mirage dans le désert sans oasis d’une paix jamais aboutie. En ce trentième anniversaire des Accords, il n’est évidemment pas possible de leur donner tort. Peu de temps après ce moment de concorde et d’effusion , en effet, le raïs palestinien Yasser Arafat, au cours de l’une de ces métamorphoses dont il était coutumier, allait changer totalement de « braquet » et se rallier, peu à peu, à une conception islamisée, théologique – et, donc, non encline aux négociations – de la cause palestinienne ; un absolutisme politique qui éclatera sept ans plus tard dans ce qu’on nomme la « deuxième Intifada », avec ses revendications – le « retour » des réfugiés de 1948 – et son recours à la terreur contre les civils israéliens.
À cette aune, et devant ce spectacle troublant, plusieurs interprétations historiques des Accords d’Oslo se sont donné libre cours en Israël. À l’instar de celle, très stimulante, d’Ephraïm Karsh et de Joël Fishman, toutes ces interprétations ont pour point commun d’insister sur le fait que le « processus de paix » a sans doute été aussi, pour le mouvement national palestinien, une façon inavouable de poursuivre la guerre par d’autres moyens, en se réservant sans cesse le droit d’accuser Israël de tous les ratés et reculs de la paix…
On se souvient, en effet, du mot désabusé d’Abba Eban, l’ex-ministre des Affaires étrangères et vice-Premier ministre d’Israël : «Les Palestiniens ne manquent jamais une occasion de manquer une occasion ».
Cette approche « fataliste », pour fondée qu’elle soit avec le recul de l’histoire, n’épuise pas entièrement la signification d’Oslo.
Trois décennies après, commémorer ce rêve brisé, c’est aussi mesurer la marge d’action actuelle dont disposent les Israéliens pour parvenir à établir des ponts et, un jour, conclure des traités de paix avec tous les pays de leur environnement régional. Au vu de la difficulté de résoudre le conflit avec les Palestiniens, une stratégie a été établie pour prioriser des accords de reconnaissance réciproque avec de grands acteurs régionaux, des Émirats au Maroc : tout l’enjeu, pour un Premier ministre israélien empêtré dans une multiprise, est justement de relancer cette dynamique et de convaincre les Américains de l’aider à officialiser une reconnaissance mutuelle avec Riyad. Alors, le traumatisme de l’échec d’Oslo aura été surmonté. C’est bien sûr dans cet esprit, et à l’approche de sa rencontre décisive avec Joe Biden, que Benyamin Netanyahou vient de laisser filtrer l’éventualité, démentie pour la forme par le Likoud, d’un compromis impliquant la quasi annulation de la réforme judiciaire…

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