Edito

La force de l’unité

Il n’y pas de hasard. Quand le rav Adin Steinsaltz, si attaché à son pays, parlait d’Israël comme d’une « méta famille », il savait ce qu’il faisait. Cet immense commentateur du Talmud savait que, dans une famille même élargie aux dimensions d’un pays, les disputes, bien que paroxystiques, n’annulent jamais les liens de solidarité essentiels. Il avait vu juste.
Sous la menace de la sauvagerie de ses ennemis implacables, cette nation qui s’est durement divisée sur le projet de réforme judiciaire, s’est ressaisie. Instantanément. Admirablement.
Terrifié par la violence et la cruauté d’une attaque au mode opératoire sans précédent dans son histoire, frappé dans la chair de ses civils désarmés, l’État juif, depuis la sinistre matinée de samedi dernier, fait fond sur des énergies positives et combatives. Le spectacle de l’élan de solidarité d’innombrables citoyens face à l’adversité radicale et destructrice le prouve heure après heure. Ce sursaut de vie contraste avec l’empressement macabre des terroristes, qui rappellent par là ceux de l’État islamique en 2015 et 2016, à « viraliser » leurs crimes atroces. Choqué, sonné, épouvanté par cette haine injustifiable, Israël a ressoudé son unité. C’est une première victoire sur ses persécuteurs. Bien sûr, une fois achevées les différentes phases d’une riposte militaire et antiterroriste délicate et, peut-être, longue, l’heure sera venue des explications et du retour sur expérience, comme le souligne ici même notre ami le politologue Emmanuel Navon.
D’aucuns demanderont des comptes à l’actuel exécutif, et l’on voit poindre des interrogations légitimes sur les alertes peut-être restées sans réponses des services, ou sur la dissimulation, la fameuse taqiya, mise en œuvre par le Hamas, dans le déploiement de son entreprise de mort.
Dans l’immédiat, ce qui importe, c’est l’unité du pays appelé à une épreuve de volonté. Si le cabinet d’union nationale met du temps à être formé, il faut bien avouer que, dans l’Israël « des profondeurs », aux réflexes intacts, l’état d’esprit de cohésion et de détermination l’a emporté – dès les premières heures. Comme aux pires moments de son histoire, Israël est passé en mode riposte, bien décidé à empêcher de nuire ceux qui, dans l’ombre du « parrain » iranien de la terreur, souhaitent son anéantissement. Aussi une course contre la montre est-elle engagée entre une nécessaire intervention dans Gaza et les risques non dénués de vraisemblance d’un embrasement à la frontière nord, que le Hezbollah pourrait actualiser. Les États-Unis, qui ne ménagent pas leur peine, l’ont bien compris : toute la famille des démocraties est déjà en dette envers une nation assiégée qui, en son avant-poste, défend une idée non négociable de la civilisation. Cette idée, le judaïsme l’incarne depuis des millénaires. Alexis Lacroix

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