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Après le cauchemar , Israël prépare sa riposte

TERRORISME

Depuis le 7 octobre, Israël est en guerre, sous le coup d’une attaque sans précédent lancée sur son sol par le Hamas.

Comment prendre la mesure de l’offensive du Hamas qui a saisi Israël par totale surprise ce matin du samedi 7 octobre ? Peut-être par des chiffres : entre 800 et 1000 terroristes venant de la bande de Gaza ont pénétré en territoire israélien par quelque 80 points d’incursion différents. Répartis en commandos, ils ont attaqué simultanément 20 localités frontalières et 11 positions de Tsahal. À l’issue de trois jours de combat, il restait encore environ 70 terroristes actifs. On commence seulement à reconstituer ce qui s’est passé dans les premières minutes de l’attaque. Le Hamas a lancé un bombardement massif de roquettes destiné à couvrir le début de son incursion. Des terroristes sur des paramoteurs survolent la barrière de sécurité et larguent des grenades à fragmentation sur les caméras de surveillance. Les soldates aux postes de guet se retrouvent face à des écrans noirs. Elles ont eu le temps de voir foncer une ou deux jeeps vers la barrière. Elles ne voient pas la colonne qui suit. Et pour prévenir qui et de quoi ? Les positions de Tsahal sont à 150 mètres de la barrière. Il est déjà trop tard. D’autres détachements palestiniens ont réussi à passer par des tunnels, à accoster sur les plages, même si la marine de Tsahal est parvenue à en neutraliser certains.
Et les terroristes foncent à bord de jeeps, de pickups et de motos, avec des fusils d’assaut, des munitions, des lance-roquettes, des armes lourdes, des mines, des grenades. Face à eux, des soldats qui tentent de les arrêter, puis l’entrée dans les kibboutz, où les équipes de défense locales, avec quelques fusils, résistent héroïquement alors que le reste des habitants est barricadé dans les chambres fortifiées. Au même moment, près de 5000 jeunes, qui participaient à une rave party dans la forêt de Re’im, se trouvent pris au piège. Les terroristes les mitraillent au sol et depuis leurs ULM. On connaît la suite. Des exactions effroyables contre des civils sans défense, des familles avec des enfants, des personnes âgées massacrés, capturés, d’autres emmenés de force à Gaza. Aucune localité frontalière n’est épargnée, jusqu’à Sdérot, Netivot ou Ofakim. La première ligne de défense a cédé. Pour la première fois depuis 1948, une force ennemie a pris pied en territoire israélien. Et le bilan est déjà hallucinant. À l’heure où nous mettons sous presse, on parle de 1 200 morts et de plus de 2 600 blessés. Et aussi de plus d’une centaine d’otages à Gaza, parmi lesquels 13 Français dont un enfant de 12 ans. Sans compter les victimes étrangères : des Français, des Américains, des Argentins et d’autres nationalités qui figurent aussi parmi les otages.


L’ÉCHEC DES RENSEIGNEMENTS

Pour Israël, ce n’est pas seulement une seconde guerre de Kippour. C’est son 11 septembre. En perpétrant délibérément des pogroms contre la population civile, le Hamas voulait toucher Israël sur son point le plus vulnérable et le tétaniser le plus longtemps possible. Et l’organisation islamiste s’était préparée depuis plus d’un an dans le plus grand secret. Même le Jihad islamique, l’autre organisation terroriste de Gaza, n’a été informé et ne s’est joint à l’offensive qu’à la dernière minute. Une organisation minutieuse qui a permis d’abuser les services de renseignement israéliens. D’autant qu’on a compris maintenant que le Hamas disposait d’une technologie qui lui permet d’écouter les communications de Tsahal. Ce qui explique que l’effet de surprise ait été total. Il faudra encore établir comment une attaque d’une telle ampleur n’a pas été repérée à temps. Comment l’organisation de la riposte a été si longue à se mettre en place. Il s’agit non seulement d’un échec retentissant pour les capacités de renseignement et d’analyse et d’un très mauvais calcul des forces nécessaires pour protéger la ligne frontalière de Gaza. Mais il faudra aussi comprendre les choix stratégiques de l’échelon militaire et de l’exécutif. Depuis la 1ère Intifada à la fin des années 80, Israël avait laissé, voire encouragé, l’émergence du Hamas comme moyen de diviser et d’affaiblir le front palestinien. Depuis le retrait unilatéral de la bande de Gaza en 2005 et la prise de l’enclave par le Hamas en 2007, Israël a accepté que l’organisation islamiste terroriste soit aussi un acteur politique. Si le Hamas avait quelque chose à perdre,
il deviendrait pragmatique. Une conception qui vient de donner la preuve de son échec.
Mais si le Hamas s’est organisé seul, cela ne veut pas dire qu’il ait agi de sa seule initiative. Pour Israël, il ne fait aucun doute que l’attaque porte la signature de l’Iran. Et dans ce cas, ce n’est que le début d’un plan par étape qui doit ouvrir d’autres fronts : la Judée-Samarie, Jérusalem, le secteur arabe israélien et le front nord.


QUE VA FAIRE LE HEZBOLLAH ?

C’est d’ailleurs ce qu’avait promis le chef de la branche armée du Hamas, Muhammad Deff, dès le matin du 7 octobre, en annonçant le lancement du « Déluge d’al-Aqsa ». Pour la chercheuse Orna Mizrahi de l’INSS, l’entrée du Hezbollah dans le conflit est à peu près certaine. Ce qui l’est moins, c’est à quelle intensité. « Il y a trois scénarios. Le Hezbollah se limite à quelques actions ponctuelles pour marquer sa solidarité avec le Hamas. Il peut aussi entrer dans le conflit avec des objectifs limités. Ou il peut céder à la tentation d’engager une guerre totale. J’opterais pour une combinaison des deux premiers scénarios », estime Orna Mizrahi. Et le front nord a déjà connu plusieurs incidents, dont une tentative d’incursion en Galilée occidentale, revendiquée par le Jihad islamique.
Le gouvernement israélien a proclamé l’état de guerre. « Le Hamas, c’est Daech et nous le vaincrons comme le monde libre a vaincu Daech », promet Benyamin Netanyahou. L’aviation de Tsahal répand un déluge de feu sur Gaza pour dévaster l’infrastructure politique et militaire du Hamas. L’évacuation des localités frontalières de l’ouest du Néguev est en cours. Celle des habitants des localités de la frontière nord est en préparation. Un rappel général des réservistes pourrait suivre celui des 300 000 déjà mobilisés. Et les Israéliens espèrent que la formation d’un gouvernement d’urgence avec les partis d’opposition achèvera d’apaiser les tensions internes de ces derniers mois. Si la colère se mêle encore à la sidération, l’état de choc fait progressivement place à la conscience de la gravité historique de ce qui restera peut-être comme les heures les plus sombres d’Israël. Les comptes se feront plus tard. Maintenant, il faut se battre pour la maison. Pascale Zonszain

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