Judaisme

Roch Hachana, le nouveau départ

RÉFLEXION Roch Hachana : en traduction littérale, cela donne « tête de l’année » plutôt que « début de l’année ». Et cela a un sens : de même que la tête contient et détermine toute la vitalité des membres du corps, ainsi le « Roch Hachana » contient celle de tous les jours de l’année qui s’ouvre alors. Plus qu’un recommencement, il est donc un nouveau départ. Mais pour qui ?

L’idée est connue : Dieu créa notre monde par Sa parole, ce dernier terme étant à comprendre comme une révélation de Sa lumière plutôt que comme une articulation matérielle de mots. Et ce processus a pour aboutissement la créature humaine, seule apte à réaliser la volonté divine ici-bas. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que, justement, Roch Hachana corres-pond non pas au premier jour de la création mais au sixième, celui où l’homme apparut, car, autrement, rien de tout cela n’aurait eu de sens. Cependant, nos Maîtres posent la question : pourquoi Dieu crée-t-Il l’univers ? Dieu est la totalité de l’existant, ce qui veut dire que rien n’existe en dehors de Lui. Aussi, le monde ne Lui apporte rien car Il est le tout. C’est qu’Il veut y déverser Sa bonté infinie par l’acte de création, en un commencement absolu, et Il devient ainsi le Roi de l’univers. Mais il n’existe pas de Roi sans peuple car la souveraineté, pour être réelle, doit s’exercer sur des sujets extérieurs à soi, ici les hommes. Il leur revient donc de Le couronner comme Roi.

C’est ainsi que le récit de la création dans la Torah nous décrit ces premiers instants du monde : Adam, le premier homme, appelle toutes les créatures et leur commande : « Venez, prosternons nous devant Dieu Qui nous a créés. » Dieu, notre Roi, donne la vie ; l’aventure peut alors commencer.
Mais le monde, tel que nous le voyons autour de nous, n’est ainsi que le produit de la volonté de Dieu Qui nous fait exister constamment. Car Dieu n’est pas comme le potier qui, une fois son vase fabriqué, se retire et se consacre à autre chose, laissant son œuvre exister par elle-même. Dieu est présent dans Sa création car Il est la réalité de son existence et, sans Sa lumière permanente, une sorte de création continue, le monde retournerait au néant. Cette lumière créatrice, enseigne la Kabbale, nous est donnée pour insuffler vie au cycle annuel. Lorsque l’année s’est écoulée, d’une certaine façon, la réserve de vie est épuisée. Il faut le ressentir avec force et profondeur : le premier soir de Roch Hachana, il ne reste plus dans le monde qu’une partie très réduite de cette vitalité spirituelle, juste suffisante pour que le monde ne disparaisse pas jusqu’au lendemain matin. C’est pour cela que la liturgie du jour tourne autour de l’idée de royauté et souvenir, au point que Dieu demande : « Dites devant Moi des versets de royauté pour que Je règne sur vous ; dites devant Moi des versets de souvenir pour que Je Me souvienne de vous pour le bien ». Ces versets sont une véritable action : ils valent intervention auprès du Créateur pour qu’Il crée à nouveau l’univers en lui réinsufflant la vie nécessaire pour l’année qui com-mence en ce matin de toutes choses. C’est à ce moment que descend dans le monde une lumière nouvelle qui n’y était encore jamais venue, une lumière qui provient d’un niveau spirituel encore plus élevé, jamais atteint jusqu’ici. Ce don nouveau est l’expression de la bonté infinie du Roi que nous venons de reconnaître et de couronner par les prières et les commandements spécifiques à Roch Hachana. C’est aussi cela qui donne à ces jours de fête leur caractère par-ticulier de solennité/austérité d’une part et de joie profonde et essentielle d’autre part. Car les deux aspects sont liés ici. Couronnant Dieu comme notre Roi, et donc comme Roi de l’uni-vers, nous L’acceptons comme tel avec la soumission la plus absolue. Et cette soumission est précisément ce qui permet le maintien et le progrès de l’existence. Il faut se garder de voir cela comme une simple continuation de l’acquis, ce qui, sans doute, nous semblerait satisfaisant. Il s’agit de porter sur le monde un regard neuf car le recommencement dont nous sommes les acteurs suscite littéralement un monde nouveau. Tous les miasmes du passé se sont effacés, les erreurs ou les errements que nous avons connus ont disparu. C’est une terre nouvelle que nous découvrons. Et elle est plus grande et plus belle que celle que nous quittons à la fin de l’année précédente.
Couronner un Roi est une entreprise étonnante quand c’est de Dieu qu’il s’agit. C’est par notre attachement à Lui que nous le faisons, notre acceptation et aussi, au son de cette grande musique qu’est le choffar… mais cela, c’est une autre histoire.

Par Haïm Nisenbaum
Porte-parole du Beth Loubavitch

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