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POURIM 5782

La fête de Pourim est célébrée chaque année le 14e jour du mois de Adar, cette année le mercredi 16 mars au soir et le jeudi 17 mars 2022. Ce jour-là, nous lisons la Meguilat Esther qui est le récit des préparatifs visant à l’extermination du peuple juif. Fort heureusement, ces plans échouèrent et tous les Hébreux furent épargnés. Et il est significatif de noter que le nom de Dieu n’est pas du tout mentionné dans ce livre biblique.

LE SILENCE DE DIEU ?

Tout au long de notre histoire, les Aman et les Hitler n’ont malheureusement pas manqué. Dieu semble absent et pourtant le peuple juif est toujours bien présent. Où est Dieu dans toutes ces tragédies ? Comment expliquer l’existence du mal dans le monde ? Abraham, Moché, Jérémie, Job n’ont pas hésité à poser ces questions. La Bible, le Talmud, la Kabbale, Maïmonide, Saadia Gaon, Rabbi Nahman, Rav Kook, Rav J. B. Soloveitckik et le Rabbi de Loubavitch ont disserté sur la théodicée.
(Cette liste n’est pas exhaustive).
Le Rabbi de Kotsk enseignait que la véritable Emouna (mot traduit imparfaitement par croyance) se manifeste quand on croit, en dépit de l’existence de certaines questions que l’on est en droit de se poser.

Déjà, le prophète Isaïe s’exclamait : « Mes pensées ne sont pas vos pensées » (55 ; 8). En effet, Dieu est infini. Et pourtant nous avons la mitzva de « connaître Dieu » et d’approfondir ce que nous pouvons percevoir de Sa gloire. Notre intelligence étant limitée, arrivés à un certain niveau, nous passons donc au stade de la Emouna.
Moché interpelle Dieu : « Pourquoi as-tu fait du mal à ton peuple ? (en Égypte) » (Exode 5 et 6). L’Éternel lui répond : « Je serai comme Je serai ! ». Les rabbins du Talmud et Rachi commentent : « Je serai avec vous dans votre détresse actuelle tout comme Je le serai dans vos exils futurs. Les voies de ma providence sont impénétrables. En dépit des apparences, je suis présent avec vous alors que vous êtes angoissés ou lorsque vous souffrez. Quelle que soit la profondeur de l’obscurité dans laquelle vous vous trouvez, je sanglote avec vous. Je prie avec vous pour la rédemption finale ».

Au Buisson ardent et après l’épisode du veau d’or, Dieu se manifeste comme étant l’Être ineffable. Dieu est à la fois transcendant et en même temps proche de chaque individu. Dans le vocable Yehoudi (Juif), on retrouve les quatre lettres du tétragramme, le nom indéfinissable de l’Éternel – l’Être suprême. Le tétragramme se réfère au verbe être décliné au passé, au présent et au futur. On rapporte que l’écrivain russe Tolstoï disait : « Lorsque je vois un Juif, je vois l’éternité ».

Notons également que Yehoudi a comme racine l’idée de remercier et de reconnaître. Chaque individu porte en lui intrinsèquement le reflet du divin. Sa relation à Dieu est personnelle. Au final, nous ne savons pas pourquoi il y a tant de mal dans le monde mais nous pouvons réagir à la question : pourquoi ? Nous ne pouvons accepter que des gens souffrent injustement ! Pire que la souffrance des innocents, il y a le fait que certains individus

y restent indifférents. Nous devons tout faire pour soulager concrètement la douleur des autres, pour leur manifester notre empathie, pour améliorer la société et pour combattre toutes les injustices. Nous ne voulons pas de statu quo. Les réponses, les explications ne sont pas ce qu’il y a de plus important. Nous devons faire preuve d’audace et ne pas nous en remettre à Dieu pour remédier à toutes
les disparités qui gangrènent la société. Dieu attend que nous nous en chargions. C’est pour cela que nous sommes venus dans ce monde. Le texte que nous lisons à Pourim s’appelle
la Meguila d’Esther. En hébreu, Meguila veut également dire « dévoiler ». Esther est un prénom qui signifie « ce qui est caché ». Une lecture attentive des événements relatés dans ce livre nous fait prendre conscience qu’il n’y a pas de hasard. Il y a au contraire une succession de pseudo-coïncidences, une structure, une trame bien précise où tout se tient…
Et nous pouvons appliquer ce principe à
la vie de tous les jours. Ce qu’on appelle fortuit, accidentel, naturel est en fait l’un des fragments d’un grand puzzle. Il y a donc bien une finalité dans l’univers et dans l’histoire de l’humanité. L’aboutissement en sera la Gueoula (même étymologie que Meguila), le dévoilement de la présence de Dieu et la venue du Messie.

Par Yaakov Spitezki
Directeur du Centre universitaire Shorashim- Jérusalem.

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