Edito

La pandé-présidence

Toute philosophie politique doit écrire son discours de la méthode. C’est au fil de sa gestion de l’épidémie de Covid qu’Emmanuel Macron remplit ce devoir épistémologique. De ses premières déclarations, au printemps 2020 (« Nous sommes en guerre ») jusqu’à son envie d’« emmerder » les non-vaccinés, il rédige son bréviaire du dirigeant.
Nous n’étions pas en guerre en 2020, car le virus n’a pas d’ennemi, et nous nous sommes tous planqués ! De cette première ruse, Emmanuel Macron a fait une force, apparaissant en protecteur vigoureux et efficace de sa population, ce qui lui a permis de cacher en partie l’incurie administrative face aux pénuries diverses, notamment le manque de masques, ainsi que la paupérisation du système hospitalier. Le président n’échappe pas aux accusations, mais évite pour l’instant le procès de l’opinion.


Sa deuxième habileté, doublée d’un véritable courage, fut de s’arracher à la tyrannie croissante des blouses blanches. Considérant qu’ils ne conseillaient plus le pouvoir, mais qu’ils l’incarnaient, au moins par procuration, les médecins ont tenté d’imposer un ordre sanitaire, indexant la vie de la nation sur le seul critère de la santé : cela appelait des confinements à répétition… À la fin de janvier 2021, en remettant le médical à sa place, Emmanuel Macron a pris son risque et cela a payé. Les Français considèrent que leur président a trouvé le juste milieu entre l’impératif de protection, qui complique la vie, et l’indispensable souplesse qui permet au pays de ne pas s’effondrer économiquement.

La troisième réussite d’Emmanuel Macron est la politisation du variant Omicron. Sa gestion de la cinquième vague, en préservant les fêtes de fin d’année tout en déclarant la guerre aux non-vaccinés, fragilise ses oppositions. Personne, à droite comme à gauche, n’apparaît capable de faire mieux, et plusieurs présidentiables, trop prompts à critiquer le sortant, ont paru flatter les antivax ! Il est acceptable, voire justifié de reprocher au président d’utiliser l’épidémie pour faciliter sa réélection. Mais on ne fait pas de politique hors-sol, loin de la météo imprévisible des circonstances. Clemenceau arriva au pouvoir en 1917 « grâce » à la guerre. De Gaulle n’aurait jamais dirigé la France sans l’effondrement de mai 40 ni le grand vertige de mai 58… Emmanuel Macron est d’autant plus légitime à politiser l’épidémie que ses adversaires n’hésiteraient pas à faire de même si la gestion des événements sanitaires tournaient au désastre. Christophe BARBIER


La campagne présidentielle ne commencera pas tant que le péril Omicron ne sera pas éloigné. Mais le sera-t-il avant le printemps ? © RICARDO ESTEVES POUR LRM

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