Culture

Arielle Dombasle, la belle des seigneurs

Cinéma Les Secrets de la princesse de Cadignan produit par François Margolin et réalisé par Arielle Dombasle, magnifique en princesse déchue, est un film d’une audace folle et d’un esthétisme bluffant, à voir !

J’ai lu tout Balzac ou presque entre 13 et 15 ans. Mon oncle Paul et ma tante Florette m’offraient chaque année pour Roch Hachana, trois volumes en cuir reliés. Ces juifs polonais comme tant d’autres pensaient que pour s’intégrer, il fallait se cultiver. Pour cela rien ne valait les auteurs classiques français. Evidemment loin d’eux d’imaginer l’antisémitisme perceptible de l’auteur, dans beaucoup de ses romans, dont certains personnages comme le baron de Nucingen, banquier bien sûr, est affublé d’un accent horrible. On le voit esquissé dans le film d’Arielle Dombasle. Il n’en a pas moins été traduit en hébreu, comme le précise, Helit Yeshurun, traductrice de littérature française et il est étudié à l’école en Israël ; les plus demandés sont, allez on se fait un petit plaisir de les écrire en hébreu Eugénie Grandet, , Le Père Goriot Illusions perdues.

En tous les cas, j’ai grandi avec les personnages de La Comédie humaine qui sont devenus un peu mes amis dans cette enfance solitaire, marquée par le sceau terrible des disparus. De lui, j’ai tout aimé, et surtout Les Secrets de la princesse de Cadignan où je pouvais retrouver tous les héros balzaciens qui peuplent cette foisonnante saga : de Lucien de Rubempré à Eugène de Rastignac avec son fameux « À nous deux, Paris !» Et justement, ça tombe à pic car j’adore aussi Arielle Dombasle et cela depuis le jour où elle m’ouvrait la porte de son appartement de la rue Madame, auréolée de sa blondeur sublime, dans un déshabillé soyeux en soie. Elle était à la fois Carole Lombard, Rita Hayworth, Lana Turner et toutes les stars d’Hollywood qu’elle semblait incarner dans ce temps présent. J’avais rendez-vous avec le Seigneur de la Belle. J’admirais cette taille de guêpe, ce corps sculptural, ce reflet tactile, évanescent et bien réel. Chanteuse, danseuse, et surtout comédienne, elle s’incarne toujours à contrechamp, suivant ses envies, ses désirs… J’aime le son de sa voix, velours doré qui glisse sur les mots pour mieux les faire danser.

Ils soulignent cette gentillesse et cette bonté qu’elle a en elle. Nous avons parlé du Mexique je crois, avant que ne surgisse, Solal, son prince des ténèbres et que la Belle du Seigneur, Arielle-Ariane ne disparaisse, happée par son monde féérique… me laissant désemparée mais confiante devant cette grande intelligence. Et je la retrouve intacte dans son film Les Secrets de la princesse de Cadignan. Elle incarne tellement la féminité balzacienne à travers cette héroïne, chérie par l’auteur qui se glisse subtilement dans le film sous les traits de Michel Fau et tire les ficelles de tout ce petit monde. Diane de Cadignan, reine déchue de la Restauration, dernière grande courtisane, collectionne les amants. Dans le film, ils sont dessinés au fusain, qu’elle va brûler un par un, confessant ses amours passées
à son amie la marquise d’Espard (Julie Depardieu). Ce monde coloré et qui festoie ardemment, dernier reste d’une monarchie déclinante, est magnifiquement rendu en images, ponctué par des scènes d’opéra baroque, et par une musique électrique, moderne. Il y a un peu de Sofia Coppola dans la réalisation d’Arielle Dombasle qui reste heureusement très classique. La princesse finira par trouver l’amour auprès de Daniel d’Arthez, (Cédric Kahn,) un grand écrivain catholique et monarchiste, qui mène une vie ascétique, son opposé.De son personnage, Arielle Dombasle déclare : « Même si c’est la première fois qu’elle aime vraiment, elle n’en recourt pas moins au mensonge, voire à la manipulation, pour se faire aimer. Ce que Balzac fait sentir admirablement, c’est qu’en amour, on agit et on est agi. On triche, on ment, on avance un pion pour feindre de le retirer. » Magnifique ! Hélène Schoumann

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