Israel

Amir Avivi : « On ne peut pas vaincre cet ennemi sans incursion terrestre »

Entretien Ex-vice-commandant de la brigade de Gaza, lieutenant-colonel de réserve, ancien directeur de cabinet du chef de l’état-major et président du Forum pour la défense et la sécurité d’Israël, qui rassemble 18 000 officiers de toutes les branches des forces de défense ainsi que des civils issus de toute la société israélienne, Amir Avivi a pour objectif de positionner la sécurité d’Israël comme la principale priorité nationale, de manière à garantir la souveraineté du peuple juif sur sa terre ancestrale pour les générations à venir. Actualité Juive l’a rencontré.

Peut-on affirmer aujourd’hui qu’il y a eu échec du renseignement ?
Amir Avivi : C’est incontestable. En l’absence d’informations sur une attaque imminente du Hamas, les effectifs n’ont pas été renforcés, le niveau de préparation était insuffisant, ce qui a permis au Hamas de surprendre et d’atteindre facilement les localités. Si l’armée avait été informée, ne serait-ce qu’une heure avant, la situation aurait été complètement différente. De surcroît, il faut savoir que les services de sécurité d’Israël ont de plus en plus recours aux moyens technologiques pour collecter du renseignement, et l’adversaire a appris à contrer notre supériorité technologique en cessant d’utiliser la technologie qui pouvait l’exposer.
Se peut-il aussi que les intentions du Hamas aient été mal interprétées ?
A.A. : Tout à fait, depuis quelques années, l’establishment de la sécurité considère de plus en
plus le Hamas comme un acteur cherchant à gouverner, à développer l’économie de Gaza et à améliorer les conditions de vie des 2,3 millions de personnes vivant à Gaza. Mais la vérité est que la priorité du Hamas est la destruction d’Israël.
Est-ce aussi un échec sur le plan politique ?
A.A. : Nous vivons dans une réalité basée sur les accords d’Oslo et le désengagement de la bande de Gaza. Lorsque le Hamas a pris le contrôle de l’enclave de force, Israël aurait dû la réoccuper et ne pas laisser ce mouvement terroriste se renforcer. La sécurité d’Israël doit dicter la politique de l’État et rien d’autre.
Difficile d’imaginer que le Hamas ait pu planifier cette offensive de manière autonome
A.A. : C’est en effet l’Iran qui a envoyé au front le Hamas – qu’il finance, entraîne et arme – dans le but de perturber les efforts des États-Unis visant à élargir, avec l’Arabie saoudite, une coalition occidentale américano-israélo-sunnite contre l’Iran, la Russie et la Chine, crainte par Téhéran.
Dès le début de l’offensive contre Israël, vous avez appelé à la formation d’un gouvernement d’unité nationale dans une lettre adressée à Benyamin Netanyahou. Pourquoi ?
A.A. : Afin de faire face aux défis sécuritaires actuels auxquels le pays est confronté. Cet événement ne modifie pas seulement profondément la situation à Gaza, mais crée également une nouvelle dynamique régionale. Dans ce contexte, Israël doit capitaliser sur un vaste soutien international ainsi que sur le soutien inconditionnel des États-Unis et du monde occidental. L’union nationale est donc impérative pour gérer cette situation. L’inclusion, par exemple, de Benny Gantz, fort d’une grande expérience militaire, au sein du gouvernement est une décision tout à fait judicieuse. Cela favorise aussi également un large consensus sur les mesures à prendre.
Dans cette même lettre, vous appelez à l’éradication du Hamas. Comment s’assurer qu’il ne revienne pas d’ici deux ou trois ans ?
A.A. : En conquérant la bande
de Gaza, ou du moins la majeure partie, en éliminant complètement le terrorisme et en instaurant
une liberté d’action, un contrôle opérationnel à l’intérieur de Gaza, à l’instar de la Judée-Samarie. Il faut ramener la situation à son état d’il y a 30 ans, avant les accords d’Oslo. On ne peut pas vaincre un ennemi sans incursion terrestre, notamment quand il est retranché sous terre ou parmi les populations civiles.
Pourquoi Israël n’est-il pas revenu dans la bande de Gaza plus tôt malgré les multiples offensives contre lui ?
A.A. : Les localités du pourtour
de Gaza ne trouvaient pas cela légitime, ni la communauté internationale, ni même l’establishment de la défense. Aucun État n’irait à l’encontre de la défense. Sans oublier que sur fond d’instabilité politique ces dernières années, personne n’était prêt à prendre cette décision.
Un retour est-il légitime aujourd’hui ?
A.A. : Oui, car le contrat entre l’État et les habitants a été profané. Ce qui s’est passé samedi – meurtres, viols, décapitations, tortures, kidnappings – a changé la donne. Légitime aussi sur la scène internationale, la guerre qui nous a été imposée est mondiale. L’implication des États-Unis, associée au choc provoqué dans le monde par les massacres, offre une rare opportunité de détruire une bonne fois pour toutes le Hamas.
Le Hezbollah s’est invité dans la confrontation depuis la frontière nord. Cela pourrait-il affecter les plans de Tsahal sur le front sud ?
A.A. : Non, mais nous devons également sécuriser ce front. Nous ne pouvons pas nous permettre que les localités du nord vivent dans quelques mois sous la menace comme cela fut le cas pour celles du sud.
Cette guerre peut-elle enfin rétablir la sécurité à long terme ?
A.A. : Absolument, mais ni avec des valises d’argent, ni des slogans, ni une télécommande, mais par une incursion et la reconquête de Gaza. Aucune autre force terrestre dans le monde ne possède les compétences de Tsahal. Elle va nous mener à la victoire. Propos recueillis par Nathalie Sosna-Ofir

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