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Pourquoi Moscou s’intéresse aux drones iraniens

Selon Washington, des délégations russes auraient récemment visité une base aérienne iranienne en vue d’un prochain transfert de matériel.

La livraison de drones iraniens à la Russie se précise. Alors que Vladimir Poutine était attendu le 19 juillet à Téhéran pour un sommet Iran-Russie-Turquie, le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis Jake Sullivan a réitéré, le week-end dernier, les informations américaines à propos de l’achat par Moscou de « plusieurs centaines de drones, notamment des drones de combat ». Signe de l’avancée des négociations avec la République islamique, deux visites à la base aérienne de Kashan, au sud de Téhéran, ont été menées par des délégations russes, le 8 juin puis le 5 juillet. Parmi les principaux modèles présentés par les Iraniens, les drones furtifs Shahed-191 et Shahed-129. Développés par la Shahed Aviation Industries sous le contrôle des Gardiens de la Révolution, les Shahed-129 sont actuellement déployés en Irak, en Syrie mais aussi au Liban, entre les mains du Hezbollah. Avec une allure qui rappelle le MQ-9 Reaper américain, ils disposent d’une autonomie de 24 heures et peuvent être équipés de missiles air-sol Sadid 345. Pour la conception de son cousin, le Shahed-191, l’Iran a copié la technologie du drone sentinelle américain RQ-170 dont un exemplaire avait été capturé en 2011. Doté en option de missiles Said 342, son rayon d’action atteint les 1500 km.
Deux autres modèles pourraient également intéresser les Russes. Les drones d’attaque Mohajer d’abord, utilisés en Éthiopie et récemment exportés au Vénézuela. Avec ses quatre bombes intelligentes à guidage de précision embarqués, le Mohajer se distingue par sa capacité d’attaque de cibles en mouvement. Également pressentis les drones « kamikaze » de type Ababil, dont la première usine de fabrication à l’étranger a récemment été inaugurée au Tadjikistan. Capables de s’abattre sur leurs cibles après une simple saisie préalable de coordonnées GPS, les Ababil et leurs adaptations locales sont notamment utilisés par les rebelles chiites houthis au Yémen. L’attaque contre deux pipelines de la société saoudienne Aramco, en mai 2019, avait illustré leur capacité de nuisance. Qu’apporteraient ces appareils iraniens à la Russie dans une guerre où les drones turcs Bayraktar TB2 sont devenus le symbole de la résistance ukrainienne ? La récente arrivée sur le terrain de lance-roquettes de précision américains Himars a permis aux forces ukrainiennes de détruire plus de 20 dépôts de munitions et postes de commandement russes depuis un mois. Un système d’artillerie qui ferait à coup sûr partie des cibles de ces drones made in Iran. L’utilisation de composants bon marché et l’existence de chaines d’approvisionnements clandestines développées par l’Iran pour échapper aux sanctions internationales seraient en outre vues d’un bon œil par Moscou, selon l’expert Jeremy Binnie.
Pour Israël, un tel accord pose plusieurs questions, dont la suivante n’est pas la moindre: en échange de l’aide iranienne en Ukraine, Vladimir Poutine concèdera-t-il de limiter l’action israélienne dans le ciel syrien contre des cibles pro-Téhéran ? Steve Najar

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