Communauté

Emmanuelle Vidal et Réouven Bokobza : « Le LabMyriam veut aider le monde associatif juif à se digitaliser »

LEADERSHIP

Le Fonds Myriam lance le LabMyriam, un programme de formation innovant et ambitieux, porté par une équipe jeune, dynamique et prête à aider la communauté. Sa mission : accompagner la digitalisation du monde associatif juif français. Rencontre avec Emmanuelle Vidal, référente du Fonds Myriam sur ce projet, et Réouven Bokobza, directeur du LabMyriam.


Comment le projet du LabMyriam est-il né dans le cadre du Fonds Myriam ?
Emmanuelle Vidal : Après deux ans d’activité et plus de 200 associations aidées, le Fonds Myriam sentait que le tissu associatif juif avait besoin d’être accompagné plus efficacement en matière de digitalisation. La crise du Covid a fait prendre conscience à des associations qu’elles n’étaient pas suffisamment performantes en matière d’utilisation des outils numériques, voire qu’elles étaient très en retard là-dessus. Pendant la crise sanitaire, les responsables associatifs ont réalisé que s’ils voulaient atteindre d’autres publics et communiquer autrement, le fonctionnement qui était le leur jusqu’à présent n’était plus adapté et qu’ils devaient forcément se digitaliser. Aujourd’hui, ils sont prêts à avancer sur cette question sans aucune réticence. Le LabMyriam a donc été pensé comme un programme de formation pour les accompagner à se digitaliser, tout en les aidant à définir une stratégie digitale adaptée à leurs besoins.

Réouven Bokobza : Il y a aujourd’hui, en France, 1,7 million d’associations. 80 % d’entre elles n’ont pas opéré de transformation digitale et le monde juif ne fait pas exception. Quand on parle de transformation digitale, cela peut faire peur, mais notre but n’est pas de hisser au niveau technologique d’un Google les structures du monde associatif juif. Il va s’agir de les aider à mieux faire ce qu’elles font en fonction de leur réalité et de leurs besoins de manière à fluidifier leurs méthodes de travail et ainsi, à maximiser leur impact. Nous allons, pour cela, faire preuve de pédagogie pour mettre à la portée de tous les technologies existantes. Les 200 associations qui ont été accompagnées et soutenues par le Fonds Myriam mettent en œuvre des projets magnifiques qui sont parfois peu connus du grand public. Nous sommes là pour bâtir avec elles une stratégie qui va les rendre plus visibles. La dynamique est vertueuse, car si le projet est plus visible, il fédérera davantage et collectera plus d’argent. Il aura donc un impact plus important.


Que fera le LabMyriam que le Fonds Myriam, souvent appelé sur les sujets de digitalisation, ne faisait pas ?
E.V. : En 2021, le Fonds Myriam a, en effet, souvent été sollicité sur le digital, et nous sentions que nous devions aller encore plus loin qu’une subvention pour répondre véritablement aux besoins des associations. En travaillant sur les stratégies digitales, le LabMyriam va identifier des sujets pour permettre à la subvention du Fonds Myriam d’être encore mieux utilisée. Par exemple, si une association a le sentiment d’avoir besoin d’un community manager, le Lab peut détecter qu’elle n’a pas forcément besoin d’employer un community manager, mais d’être formée au community management pour animer ses réseaux sociaux. C’est un exemple parmi d’autres.
R.B. : La valeur ajoutée du LabMyriam est le sourcing des outils. Jusqu’à maintenant, l’intervention du Fonds Myriam sur le digital était orientée dans le cadre d’une stratégie pensée par l’association de façon autonome. Or, la vision stratégique portée par les dirigeants associatifs sur les questions digitales mérite parfois d’être challengée. C’est le projet du LabMyriam qui accompagnera, en plus, un déploiement, une mise en service et une montée en compétences des équipes à travers de la formation, du financement de matériel et de la mise à disposition de consultants. C’est une offre bien plus complète sur la question digitale qu’une subvention.


Qui peut candidater au programme et en quoi consiste-t-il, précisément ?
E.V. : Les candidatures au Lab sont ouvertes à tous et pas uniquement aux associations qui ont déjà été aidées par le Fonds Myriam. Il faut compléter, pour cela, un formulaire de candidature comportant des questions générales sur son niveau de digitalisation. L’équipe du Lab établit ensuite une note de maturité digitale qui est transmise au comité de gestion du Fonds Myriam, lequel valide ou pas la candidature. Après cela, le Lab reprend la main.
R.B. : Cette note de maturité digitale permet à notre équipe, si la candidature est acceptée, d’observer l’évolution de l’association à l’entrée, à mi-parcours et à la sortie du programme de formation. Celui-
ci dure six semaines mais nous parlons davantage de six séances. Les associations suivront en « e-learning »des modules sur la stratégie de digitalisation, l’identité de marque, la collecte de dons et de données,
les CRM et les réseaux sociaux. Dès le départ, un consultant référent sera rattaché à l’association. Il sera présent auprès d’elle pendant vingt-et-une semaines pour s’assurer que l’association déploie correctement le contenu de la formation. A cela, s’ajoute le volet expertise et financement de matériel. Le consultant référent fera remonter des besoins spécifiques à la fois humains et matériels.


Une phase pilote vient d’avoir lieu à laquelle dix associations ont participé. Qu’avez-vous observé en termes de besoins exprimés ?
R.B. : Dylan Baron, qui travaille dans l’équipe du LabMyriam avec pour mission principale de piloter l’équipe des coachs, a joué le rôle de formateur de ce programme pilote. Une seconde session aura lieu fin mars et nous avons déjà trente candidatures pour dix places, c’est dire la nécessité du projet. Trois sujets reviennent, en général : la visibilité (les associations n’ont pas de site internet correctement référencé), l’animation des réseaux sociaux et l’utilisation du CRM couplée à la gestion de la relation client. Les associations misent beaucoup sur leur ressenti et sur leur connaissance du terrain, mais ces sensations sont parfois sublimées. Nous sommes dans l’ère de la data et si on a la bonne donnée, au bon endroit, on peut faire de grandes choses et prendre des décisions stratégiques fortes. C’est notre souhait de rendre les associations plus autonomes en levant tous les freins.

Propos recueillis par
Yaël Scemama
Dépôt des candidatures sur le site fondsmyriam.org/labmyriam

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