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Begin, un géant du sionisme

Il y a trente ans, disparaissait l’ancien Premier ministre Menahem Begin, qui a consacré sa vie au peuple juif et à l’État d’Israël.

Il choisira de terminer sa vie, reclus dans son petit appartement en location à Jérusalem qu’il occupe depuis qu’il s’est retiré de la vie politique, ne sortant plus que pour se recueillir sur la tombe de son épouse Aliza sur le mont des Oliviers, vêtu d’un chapeau noir. Il ne recevait plus que ses proches et quelques intimes, dont Dan Meridor, grande figure de la droite israélienne, avec lequel, une heure durant, chaque vendredi à 16h00, ils refont le monde. Mais quand il se retrouve seul, Menahem repense à ce petit garçon, né en 1913 en Russie, qui grandit modestement et étudie la Torah, et qui dirigera l’Irgoun et l’État d’Israël. Grâce à deux talents qu’il développera très jeune dont celui d’orateur.
Dès l’âge de 13 ans, Menahem prononce son premier discours en hébreu. Il adore les mots, sait les manier et est conscient que les phrases justes et bien prononcées ont un pouvoir extraordinaire. Sur scène, il savait mieux que quiconque s’imposer comme un véritable leader, un homme guidant son peuple.

Son second talent, les échecs auxquels il s’initie dès l’âge de sept ans. Réfléchissant longtemps avant de bouger un pion, calculant chaque manœuvre. Comme avant de prendre une décision capitale pour le pays, détruire le réacteur nucléaire iranien ou faire la paix avec l’Égypte qui ouvrira la voie à d’autres alliances. Une paix qui trouve écho dans ces mots que Begin prononce quelques heures après la déclaration d’indépendance, au soir du 15 mai 1948, sur les ondes de la radio clandestine à Tel Aviv.

« Nous avons souffert pour fonder un État mais il sera plus difficile encore de le maintenir en vie. Il va falloir renforcer notre armée, mener une politique étrangère avisée, favoriser l’entente mutuelle avec les nations, nombreux sont nos ennemis, rares sont nos amis ». Des mots d’un visionnaire qui allait contribuer à maintenir en vie le jeune État et à favoriser l’entente mutuelle.

C’est sa rencontre en 1939, avec Ze’ev Jabotinsky, le leader du Parti sioniste révisionniste, qui exaltera le nationalisme de l’adolescent et marquera le début de son engagement politique. En 1942, Begin s’engage dans l’armée polonaise en Union soviétique, au sein du régiment du général Anders qui stationnera en Palestine en 1943. Il déserte et décide d’y rester afin de lutter contre « cette Angleterre qui refuse d’ouvrir aux victimes d’Hitler les portes de leur foyer national en Terre d’Israël ». Il rejoint l’Irgoun, prône la force face aux Britanniques, s’oppose à Ben Gourion qu’il juge trop conciliant.

Après l’indépendance, il convertit l’Irgoun en parti politique, le Herout, principale composante du Likoud fondé en 1973, devient chef de l’op-position avant d’être élu, en 1977, Premier ministre de droite avant de démissionner en 1983, accablé par une guerre du Liban qui s’enlise, la guerre peut-être de trop. Mais l’épisode qui le hantera est celui de l’Altalena, ce navire acheté par l’Irgoun qu’il dirige et qui lève l’ancre depuis Port-de-Bouc le 11 juin 1948 avec à son bord 853 immigrants mais aussi des armes et des munitions offertes par la France, sans doute par aversion pour les Britanniques et des raisons diplomatiques encore obscures aujourd’hui. Mais au moment d’accoster en Palestine, le Premier ministre Ben Gourion interdit à Begin de décharger.

Alors que ce dernier a toujours affirmé que cette initiative visait à renforcer Tsahal engagé dans la guerre d’indépendance, Ben Gourion, lui, considère qu’il entend déstabiliser son pouvoir et torpiller la création d’une seule armée. Begin ne cède pas. Plusieurs obus touchent l’Altalena qui coule entraînant la mort de 18 personnes. Le soir même, Begin rejoint le quartier général de l’Irgoun et prononce un discours historique. Il ordonne à ses hommes de déposer les armes, reconnaît qu’il n’existe qu’une seule force armée. Un discours qui empêchera sans doute qu’une guerre civile n’éclate, d’ailleurs il espérait que l’on se souvienne de lui comme celui qui l’aura évitée. Il dira souvent : « Jamais je ne permettrai qu’un Juif tire sur un autre Juif ».


Par Nathalie Sosna-Ofir

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