Communauté

17 ans après Ilan Halimi, un deuil infini

Depuis l’assassinat d’Ilan Halimi, retrouvé agonisant le 13 février 2006 le long des voies
ferrées du RER à Sainte- Geneviève-des-Bois, on se souvient avec toujours autant
de peine et de colère des trois semaines de calvaire endurées par le jeune homme.

Il aurait eu aujourd’hui 37 ans. Il aurait sans doute fondé une famille et serait devenu papa.
Peut-être aurait-il quitté la France et fait son Alyah, qui sait. Le souvenir d’Ilan Halimi, ce si beau visage qui incarnait la fraîcheur de toute la jeunesse juive française nous hantera toujours. Parce qu’il a
été victime d’une barbarie odieuse, faite de haine et de préjugés
antisémites. Chaque année au moment de Tou Bichvat, ce nouvel an des arbres qui correspond, hélas aussi, à la date hébraïque où Ilan fut assassiné, son souvenir est rappelé.
Dans la communauté juive mais au-delà. Sur Twitter, Chalom Lellouche, le rabbin de Levallois-
Perret, publie chaque jour depuis le 20 janvier, date de son enlèvement, une veillée à son hommage. Un lien vers le texte « Les trois vies perdues d’Ilan Halimi » écrit par Jacques Sebag, une bougie, et une photo
d’Ilan. La chaîne cryptée Ciné+ diffuse aussi en ce moment à plusieurs horaires différents le film
d’Alexandre Arcady 24 jours qui fait le récit de son calvaire. Même le chanteur Calogero évoque la
mémoire d’Ilan Halimi dans sa chanson Par choix ou par hasard, sortie au mois de décembre et
dans laquelle il parle de l’identité française. Pour Émilie Frèche, l’auteure du livre 24 jours, la vérité sur la mort d’Ilan Halimi, coécrit avec Ruth, sa mère, la mémoire d’Ilan Halimi passe par les actions. « Dix sept ans après les faits, on a toujours les mêmes armes, dérisoires, pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme. Mais ce n’est pas une raison pour les lâcher », explique celle qui préside
aussi le prix Ilan Halimi. Un prix qui récompense un travail collectif mobilisant au moins cinq jeunes
de moins de 25 ans ayant mené une action visant à lutter contre les préjugés et les stéréotypes racistes
et antisémites. « Le combat contre le racisme et l’antisémitisme est un combat quotidien, de proximité.
Un véritable travail de fourmi. Il mériterait un engagement de tous, tout le temps. Mais il y a, hélas,
des vents et des forces contraires. Certains considèrent qu’il n’y a pas d’antisémitisme ou qu’il y a des
problèmes plus graves », dit-elle encore.
Malgré cela, Émilie Frèche demeure convaincue que la sensibilisation passe par l’éducation et les actions
de terrain. Elle en veut pour preuve les projets que le prix Ilan Halimi reçoit. Un prix auquel le ministère
de l’Éducation est désormais partie prenante. « En président le prix Ilan Halimi, je vois des jeunes de 13-14 ans qui sont nés après sa mort et qui entendent parler de lui », poursuit elle.
Parmi ces projets, celui de l’école située à proximité de la cité la Pierre-Plate de Bagneux, là où
Ilan avait été séquestré. Des élèves de collège ont réalisé un petit musée imaginaire à destination des plus jeunes qui n’avaient pas encore entendu parler d’Ilan Halimi, de manière à raconter ce qui s’était passé ici. Ailleurs encore, dans un petit village de province, ce sont des élèves qui ont découvert que des personnes
s’appelant Halimi avaient été cachées dans leur village puis déportées. Elles ont fait le lien avec Ilan et ont fait installer une plaque commémorative. « Toutes ces initiatives sont des toutes petites pierres mais j’ai envie de croire en leur portée », explique Émilie Frèche. Laëtitia Enriquez

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