France/Politique

« Personne ne me fera taire »

ENTRETIEN La députée Renaissance de la 3ème circonscription de Paris œuvre sans relâche pour que la justice et la civilisation l’emportent sur la haine et le soutien aux barbares. Elle explique sa façon d’agir dans le cadre de son mandat.

Vous êtes, depuis le 7 octobre, à l’avant-garde du combat politique pour la vérité suite aux massacres subis par Israël ce jour là. Qu’est-ce que cela vous coûte ?

Caroline Yadan : Aussi étrange que cela puisse paraître, j’ai besoin de mener ce combat. Agir et porter ma voix me sont essentiels. C’est une sorte d’exutoire que doivent aussi ressentir tous ceux qui, depuis le 7 octobre, agissent sur le terrain parce que l’on se dit que l’on est utile à quelque chose. À l’inverse, la passivité renforce l’anxiété. Organiser des actions et faire comprendre à ceux qui ne sont pas forcément au fait de ce qui se joue, c’est contribuer à la manifestation de la vérité. Tout cela constitue aussi la continuité de l’action militante qui a toujours été la mienne depuis 30 ans. Ma fonction me donne cette possibilité d’agir et de me faire entendre de façon beaucoup plus large qu’avant. Tout récemment encore, j’ai rassemblé en l’espace de 48 heures, 78 parlementaires pour signer la pétition appelant à la démission de l’envoyée spéciale de l’ONU, Francesca Albanese. [Les massacres du 7 octobre n’étaient pas le résultat de la haine des juifs mais une « réponse à l’oppression israélienne », avait-elle écrit sur ses réseaux sociaux ndlr]


Il y a quelques mois, le député LFI Aymeric Caron avait menacé de porter plainte contre vous. Où en-est-on ?


C.Y. : Celui-ci passe son temps à menacer d’un procès tous ceux qui lui apportent la contradiction. À date, je n’ai absolument aucune nouvelle. Cela étant, ce n’est certainement pas ce genre de personne voulant faire régner la terreur qui va m’arrêter dans mon combat. Bien au contraire. Avec ses amis politiques, ils sont dans la volonté de terroriser, de faire taire l’autre lorsqu’il ne correspond pas à ce qu’eux pensent.


Ressentez-vous aujourd’hui dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale plus de soutien ou de solitude ?


C.Y. : Je ressens beaucoup de solidarité, de la part notamment de collègues qui n’étaient pas particulièrement impliqués ou qui ne s’intéressaient pas aux problématiques d’antisionisme et d’Israël. Ces députés sont aujourd’hui beaucoup plus au fait. L’opération de parrainage des otages a énormément joué dans cette implication personnelle des députés, sénateurs et députés européens. Les voyages de délégations parlementaires aussi. Aujourd’hui, je suis devenue le porte-voix et la référente au sein de la majorité présidentielle de notre combat à tous contre l’antisémitisme.
Depuis le 7 octobre, nous avons mis en place une grande boucle de communication à laquelle participent plus de 200 élus parlementaires et sur laquelle nous transmettons des informations. Grace à ce travail qui se fait au quotidien, ces élus sont aujourd’hui très attachés à Israël et bien plus attentifs à ce qui est en train de se jouer.


Vous sentez-vous en phase avec l’action politique de la majorité présidentielle à laquelle vous
appartenez ?


C.Y. : Je me sens en phase dans la mesure où je peux parfaitement mener mon combat, tenir les
discours que je tiens, sans aucune concession. Personne ne me fait taire ni ne me fait de remarque. À partir du moment où je me sens utile et où je suis totalement libre de mes actes et de mes paroles
qui portent, j’en suis tout à fait heureuse. Il n’y a qu’à voir les réactions à mes deux dernières QAG, questions au gouvernement. L’une portait sur les associations féminines vis-à-vis des féminicides commis par le Hamas, l’autre sur être un otage à Gaza. Après les avoir posées, j’ai eu droit à une standing ovation. Hormis la gauche Nupes (sauf exception), tout l’hémicycle s’est levé pour m’applaudir. Cela signifie que j’ai un soutien. Des collègues avaient annulé leurs rendez-vous pour venir me soutenir parce qu’ils
savaient que j’allais poser une question sur le sort des otages.


Comment vivez-vous la présence de députés LFI, viscéralement hostiles, au sein de l’hémicycle
parlementaire ?


C.Y. : Sous notre mandature, ces députés ont été sanctionnés comme aucun député ne l’avait été précédemment. Des sanctions fréquentes qui, hélas, ne les empêchent pas de continuer leurs outrances. Certains d’entre eux font aujourd’hui l’objet de poursuites pénales. Des plaintes ont notamment été déposées contre eux par l’OJE. Nous attendons avec impatience de voir ce que cela va donner. Parmi les sanctions susceptibles d’être prononcées par les tribunaux, il pourrait y avoir des inéligibilités. De mon côté, j’ai signalé, sur le fondement de l’article 40, les propos abjects d’Ismaël Boudjekada, conseiller municipal (DVG) de Grand-Charmont. Sur X, il avait comparé les Juifs à des rats et des cafards.


S’agissant de l’autre bord de l’hémicycle, comment percevez-vous le Rassemblement national ?


C.Y. : Ce parti reste à mon sens très dangereux même si son discours sur les événements du 7 octobre et sur l’antisémitisme est irréprochable. Sa tentative de se respectabiliser ne doit pas nous faire oublier ce qu’il est. Le combat est de dire ce que fera le RN s’il devait venir au pouvoir (interdire l’abattage rituel par exemple) et de dénoncer ses liens avérés avec Vladimir Poutine. Lui qui, rappelons-le, est proche du Hamas et de l’Iran… ■ Propos recueillis par Laëtitia Enriquez

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