France/Politique

L’écho des massacres au auprès des militants de la mémoire

RÉSONANCE

Le travail de mémoire se poursuit à l’aune de la tragédie, par fidélité envers les disparus d’hier et d’aujourd’hui.

Oui, le travail de mémoire se poursuit, comme ce fut le cas le 11 octobre dernier, au Mémorial, lorsque Serge Klarsfeld présenta le livre Mémorial de nos militants disparus, 2017-2023 , signé de nos deux noms, sans taire son ressentiment : « C’est une abomination. Le Hamas confirme par ces crimes contre l’humanité qu’il veut l’extermination des juifs et d’Israël… ». À son tour, Régine Lippe, membre des Fils et filles de déportés juifs de France, déclara : « Tout cela me glace, car on a quitté l’espace humain pour celui de la bête féroce. Je ne croyais pas revivre ces scènes du temps de la barbarie nazie ». Éliane Rawicz, fille de déporté du convoi 73, avoue avoir du mal à trouver le sommeil : « Je fais des cauchemars de pogrom. Je me sentais en sécurité à l’idée qu’Israël était un havre de protection. J’observe ,hélas, que les digues sont rompues ».
Beaucoup sont venus, ce soir-là, en souvenir des leurs, tous compagnons des Klarsfeld. Aussi, personne ne put s’abstraire de cacher son émotion. Comment en serait-il autrement, quand les orphelins de la Shoah, dont Larissa Cain, rescapée du ghetto de Varsovie, sont tout à coup confrontés à une telle régression de l’histoire ?
Et, que dire des « Fils et Filles » et des déportés que j’ai interrogés durant plus de quatre décennies, qui nous ont quittés ? Auraient-ils pu imaginer que se produirait à nouveau cette césure de l’histoire ? Le lendemain, jeudi 12 octobre, un recueillement avant le dîner de soutien du Mémorial de la Shoah s’est tenu dans sa crypte. Le grand rabbin Olivier Kaufmann conduisit avec cœur les prières en mémoire des nôtres. Puis, dans les salons de l’Hôtel de Ville, intervinrent Emmanuel Grégoire au nom de la maire de Paris, le président du Mémorial Éric de Rothschild, son directeur Jacques Fredj, ainsi que l’historien Olivier Lalieu et les élèves de terminale et de première du lycée Van Gogh, à Ermont, et Barral de Castres. Là encore, tout en appréciant la performance pédagogique du Mémorial, l’acuité du choc que provoqua la tuerie en Israël fut dans tous les regards et sur toutes les lèvres.
Esther Senot, rescapée d’Auschwitz, « ne pensait pas revoir une telle barbarie », de même que Rachel Jedinak, rescapée du Vel’ d’Hiv, qui confie « combien elle est mortifiée de revoir une telle tuerie, qu’elle pensait appartenir au passé… ». Catherine Vieu-Charrier, qui fut en charge de la Mémoire à Paris, a exprimé « sa sidération et son émotion de voir que l’on pouvait être rattrapé par cette compression de l’histoire, entre passé et présent, avec ce retour de la barbarie ». Il en fut de même pour Gabrielle Rochmann, directrice adjointe de la FMS, qui fit part de « son angoisse pour ses amis en Israël, une angoisse décuplée par la monstruosité des crimes, pour lesquels, (elle ne pouvait) imaginer qu’ils soient contemporains d’une telle inhumanité ». Devant de tels crimes, la raison vacille. Les repères éclatent. Le dégoût et la colère nous assaillent face à ces brutes innommables qui décapitent d’abord leur propre essence par autophagie haineuse, en commettant leur crime. Le chagrin m’enveloppe en pensant que les suppliciés juifs d’aujourd’hui s’unissent à ceux de la Shoah. Le temps est immobile, contrairement à ce que l’on pourrait me laisser croire à tort. Mais de toute mon âme, je ne veux pas prêter le flanc à la désespérance. Am Israel Hai ! Le peuple juif est éternel, n’en déplaise aux suppôts de Satan. Hitler lui-même a fini par se donner la mort… Soyons confiants. Claude Bochurberg

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