France/Politique

Journalistes et témoins des drames

TÉMOIGNAGES

Maël Benoliel et Igor Sahiri, grands reporters respectivement à i24News et à BFM TV, se sont rendus sur les lieux des massacres perpétrés par le Hamas. Ils expliquent la manière dont ils accomplissent leur mission d’informer, dans des conditions aussi traumatisantes.

Ce sont des journalistes aguerris, habitués à approcher l’épicentre des drames du monde, mais dans la couverture médiatique de la barbarie commise par le Hamas en Israël, on perçoit à travers leurs reportages une émotion, un effarement, une incompréhension qui les cueillent au moment où ils doivent précisément rapporter ce qu’ils viennent de découvrir. « Il va être extrêmement difficile pour moi de vous décrire l’apocalypse, ce que nous avons pu voir ces dernières minutes », prévient le journaliste de i24News en français, Maël Benoliel. Le reporter se trouve alors dans le kibboutz de Kfar Aza, le 11 octobre, et découvre avec tous les envoyés spéciaux l’étendue du massacre perpétré dans ce village. Ce reportage, devenu viral, nous a traumatisés alors qu’il ne montrait quasiment aucune image. « Ce reportage est sorti comme ça sans trop vraiment réfléchir », explique Maël Benoliel à Actualité Juive. « Il y avait un duplex à réaliser avec les studios au moment où l’on finissait le tour des lieux avec l’armée. J’ai raconté tout ce que je venais de voir, tout ce que l’on venait de me raconter. Cette émotion, je n’avais pas spécialement voulu la transmettre. C’était plus fort que cela. On nous avait parlé depuis samedi de massacres perpétrés dans ces localités, on le savait plus ou moins. Le fait de se retrouver sur place, c’était tout autre chose. Observer de ses yeux toutes ces maisons éventrées, ces cadavres de victimes qui étaient encore en train d’être évacués. Quand on constate l’horreur, c’est difficile de faire autrement que de la raconter de la façon dont ça nous vient ».
« En allant couvrir tout ce que la planète réserve de pire (catastrophes, terrorisme, tremblements de terre), nous nous mettons dans un mode qui, nous le savons, sera très dur mais qui, aussi, nous fera vibrer. Et l’on sait qu’il est indispensable d’y aller », considère de son côté le reporter de BFM TV, Igor Sahiri, présent lui aussi à la frontière entre Israël et la bande de Gaza en ce moment. « Sur le conflit israélo-palestinien et surtout sur cet événement sans précédent, il faut avoir la plus grande vigilance. Collecter les informations et les vérifier plusieurs fois avant d’en faire état. Aller sur les lieux de l’horreur, pour peut-être trouver des gens qui accepteraient de parler, pour essayer de comprendre ce que l’on voit sur toutes ces vidéos envoyées sans filtre », explique-t-il aussi. « Il faut donc être prudent en permanence car même si les horreurs, pour la plupart, sont exactes, il faut quand même vérifier, en multipliant les sources d’information. Et je suis là pour dire que l’horreur est bien là, qu’elle a bien existé et que j’en ai la preuve. Il n’y a rien qui puisse laisser croire que c’est faux. Quand on est là, sur place, rien ne peut aller contre la vérité », ajoute-t-il encore.
Une façon de répondre à tous ceux qui, derrière leurs écrans, réagissent pour mettre en doute la véracité des faits. « Ceux qui remettraient en cause les atrocités commises, c’est leur problème s’ils ne veulent pas le croire et qu’ils préfèrent croire les terroristes du Hamas à la place. En ce qui me concerne, je me contente de faire mon travail de la façon la plus éclairée, objective aussi, neutre en tout cas », estime Maël Benoliel. « Le travail d’un journaliste n’est pas de prendre parti et la facilité voudrait que l’on prenne parti pour les victimes, quel que soit le camp. J’essaie de rester le plus neutre possible et de m’alimenter d’informations pour rester le plus précis », poursuit Igor Sahiri. « On n’est pas là pour choisir un camp mais pour raconter l’horreur. Et les faits sont là. Ces faits sont qu’il y a eu une horreur, un massacre, qui a décimé des familles et qui renverse la table du Proche-Orient sans que l’on connaisse l’issue ». Laëtitia Enriquez

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