France/Politique

Entretien : Rachel Khan

Je ne pensais pas que cette histoire allait durant aussi longtemps . De manière peut-être candide, il me paraissait évident que cette déclaration [de Médine] constituait un délit et qu’il n’y aurait donc pas de débat. J’ai reçu un grand nombre de soutiens de la part de personnalités, ministres et élus qui défendent les valeurs républicaines, mais j’ai aussi ressenti une immense solitude en constatant qu’en 2023, l’antisémitisme était aussi bien toléré et accompagné d’un insupportable inversement des valeurs. Puis, très vite, je me suis dit que cette affaire pouvait peut-être aussi aider à réparer notre société.J’ai eu le sentiment de non pas faire sortir le loup du bois, mais le pus de la société. On avait là une sorte de bouton purulent dont les gens avaient ras- le-bol (chose qui explique la montée de l’extrême-droite). Il fallait que ça sorte. Ce n’est pas tant moi qui étais attaquée mais nos valeurs républicaines. Et j’espère qu’avec cette affaire, on parviendra à créer un sursaut démocratique, un signal à l’égard de nos jeunes. Je n’ai jamais attaqué Médine, mais ce qu’il avait fait. Ses quenelles, son accointance avec les Frères musulmans, ses charges contre les homosexuels… On a beau montrer ces faits très concrets, malgré tout, certains continuent de l’adouber ou détournent le regard et restent dans un silence coupable. Médine fait du populisme lorsqu’il prétend que je l’ai traité de déchet. Je viens moi-même des Verts où j’ai travaillé sur les questions environnementales. Alors qu’un grand nombre de personnes critiquaient la venue de Médine aux journées d’été d’EELV, j’ai fait un bon mot en mettant en avant le fait que les Verts se détournaient de leurs enjeux qui sont en rapport avec les questions environnementales et la thématique du traitement des déchets. Et puis, les quenelles et autres déclarations de Médine,
ne font-elles pas partie des déchets biodégradants dont il faudrait parler lorsqu’on s’attache à l’environnement, qui n’est pas seulement climatique mais aussi social? Pour cette partie de la gauche, je préfère désormais parler de l’extrême, au singulier, puisqu’elle use des mêmes manières de faire que celle de l’extrême droite. Je suis une femme, noire et musulmane par son père. Dans mon sang coulent la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité, la justice, l’État de droit… Tous ces principes démocratiques que cette extrême gauche ne supporte pas. Plutôt qu’être dans la réparation et la fédération de la société, ces élus préfèrent être dans la colère et la vengeance. Leur ligne de mire n’est autre que la destruction de la fraternité ». Propos recueillis par L.E.

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