Jacques Pessis :
« Je l’ai connu alors que j’avais quinze ans »

Rencontre L’exposition met à notre portée un humoriste trop méconnu qui pourtant a contribué de façon majeure à l’humour national et à la Résistance. Jacques Pessis, son commissaire, nous présente non seulement l’exposition, mais aussi l’homme. Dac s’est éteint en 1975. Un parcours fascinant comme le révèle l’exposition. « Nous, Juifs, avons 5 500 ans d’avance sur l’humour ».Le journaliste et écrivain, qui est aussi le légataire universel de l’humoriste, a prêté ses archives, un des points forts de l’exposition. Le commissaire nous détaille l’événement dédié à Pierre Dac qu’il a très bien connu. Comment est venue l’idée de l’exposition ?Jacques Pessis : L’idée est venue d’Anne-Hélène Hoog qui travaillait au mahJ et avait organisé les expositions sur Goscinny et Gotlib pour laquelle j’avais fourni des documents. À cette occasion, elle s’est demandé pourquoi ne pas réaliser un événement sur Pierre Dac. On a fouillé toutes les archives en ma possession pour choisir celles qui nourrissent l’exposition.Des scénographes avec lesquels nous avons travaillé en osmose l’ont mise magnifiquement en forme. Nous sommes partis de sa jeunesse, puis des années 20, la radio, L’Os à moelle, la guerre. Avez-vous donc suivi une construction chronologique ? J.P. : L’exposition est construite chronologiquement parce que c’est la façon la plus simple de montrer l’évolution de son humour et, dans le même temps, de présenter l’homme. Par exemple, quand au début on le voit engagé dans la guerre de 1914 pour venger ses grands-parents expulsés d’Alsace-Lorraine, on comprend pourquoi, en 1940, il décide de rejoindre Londres et tente de devenir un des Français qui parle aux Français. Ses débuts dans les cabarets des années 20 avec ses numéros de revue permettent d’appréhender la naissance de l’humour loufoque, et en 1935, lui offrent de devenir numéro un des humoristes à la radio puis de passer à la création du journal L’Os à moelle. La guerre arrive. Par les pages que nous exposons, on mesure la progression éditoriale de ce journal vers la guerre. On le retrouve plus tard jouant le président d’un tribunal dans L’instruction de Peter Weiss où des nazis racontent comment on gazait les Juifs. Pierre Dac nous arrache les larmes. Pour lui, interpréter cette pièce, revient à jouer pour que cela n’arrive plus jamais. J’ai retrouvé un document qui montre qu’à Radio Londres avant un témoignage de 1943 venant d’un camp, on ne savait rien. Anne-Hélène Hoog, avec laquelle je partage le commissariat, le connaissait moins que moi, mais elle possède un côté intellectuel que je n’ai pas, avec une réflexion philosophique et même juive autour de Pierre Dac qu’elle maîtrise mieux. Alors quand on commence une phrase, l’autre la termine, un duo parfait. Parlez-nous de cet homme que vous avez bien connu…J.P. : Je l’ai connu alors que j’avais quinze ans, et nous ne nous sommes plus quittés. Je suis devenu son secrétaire général particulier, son neveu adoptif, on a travaillé ensemble. Il a été le premier à croire en moi. L’homme travaillait énormément, écrivant à la main ses textes qu’il peaufinait, on en voit beaucoup dans l’exposition. Du matin au soir, derrière son bureau, dans son petit appartement de l’avenue de Villiers, toujours en robe de chambre, il s’attelait à sa tâche très sérieusement. Certes, de temps en temps avec moi ou avec Francis Blanche, il aimait faire des canulars. C’était un bonheur. Avec les souvenirs de Londres en toile de fond, ...

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