Après la déflagration, la vie parlementaire à repenser
POLITIQUE
Le Parti communiste a voté sa sortie de la Nupes, tandis que le RN sait multiplier les déclarations de bon sens. La députée Renaissance, Caroline Yadan, analyse ce qui se joue actuellement à l’Assemblée nationale.
«Il est devenu très difficile, humainement, de pouvoir continuer à dialoguer sur des textes de loi, discuter d’amendements, avec des gens qui sont très clairement sortis de la moralité, au sens le plus noble du terme. On est face à la barbarie et ces gens-là [les élus LFI] tergiversent et excusent. On ne peut désormais plus faire abstraction de qui, dans l’hémicycle, se trouve à côté de nous », reconnaît Caroline Yadan.
La députée Renaissance est partie, dimanche 15 octobre, avec neuf autres députés français pour un voyage de trois jours en Israël mis sur pied par l’organisation Elnet. À l’heure du drame que connaît Israël, en ce moment, chaque geste, chaque attitude compte. En ce sens d’ailleurs, l’initiative du président du Parti communiste, Fabien Roussel, est significative. Dimanche 15 octobre, le conseil national de son parti a voté à 93% une résolution appelant à repenser le « rassemblement de la gauche et des écologistes », après que les insoumis eurent refusé de qualifier d’actes terroristes les atrocités commises par le Hamas à l’encontre des civils israéliens. Le lendemain, quelques membres du PS (dont Anne Hidalgo et Caroline Delga) ont lancé un appel, annonçant leur décision de suspendre toute action commune avec LFI. Mardi matin, enfin, Olivier Faure, a déclaré sur France Inter vouloir suspendre provisoirement la participation des socialistes à la Nupes. « Comment arrive-t-on à se regarder dans un miroir en continuant à faire alliance avec le mal absolu ? », s’insurge d’ailleurs Caroline Yadan. À l’autre bord de l’hémicycle, force est de constater que l’on sait trouver les mots justes pour à la fois dénoncer les exactions du Hamas et assurer la communauté juive de sa solidarité. Les récentes prises de parole de Marine Le Pen ou de Julien Odoul sont certes à saluer, mais elles constituent le minimum que l’on saurait attendre de tous les élus de la République. « Le RN cherche à être regardé comme un parti de gouvernement. Son discours est donc exactement celui que l’on a envie d’entendre », rappelle Caroline Yadan. « Mais ne nous y méprenons pas. Ils veulent que la digue cède, or, dans leurs rangs figurent une an-cienne rédactrice en chef du journal Présent et des anciens du GUD. La difficulté pour nous, juifs, est de le comprendre, de l’analyser et de ne surtout pas tomber dans leur piège. Je rappellerai que le parti de Marine Le Pen avait refusé de voter la loi séparatisme de 2021 permettant de lutter contre l’islamisme. Il y a donc leur discours et il y a ce qu’ils font, ou justement ce qu’ils ne font pas». Laëtitia Enriquez
