Yann Moix : « Face à celui pour lequel un Juif n’est pas celui qu’il faut tuer mais celui qu’il vient de tuer, les Juifs sont beaucoup plus en danger »
Actualité Juive : Ce livre réunit des notes prises au jour le jour, après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hypercacher. Pourquoi avoir attendu pour le publier ? Est-ce, comme le dit Marc Lambron, parce que « le temps a du talent » ? Yann Moix : Le temps permet de savoir si l’on est toujours d’accord avec ce que l’on a écrit. J’ai corrigé les épreuves imprimées soit parce que l’actualité m’avait donné tort entre-temps soit parce que je ne pensais plus exactement la même chose. Actualité Juive: Pourquoi les chapitres sont-ils précédés du signe § qui, en typographie, désigne un paragraphe, dans un renvoi ?Y.M. : Je voulais montrer le cheminement de la pensée, ses errances et ses hésitations. C’est un exercice vivant, en temps réel. Ce signe est aussi un hommage à Péguy qui, dans « Les Cahiers de la Quinzaine », l’utilise souvent.A.J.: Votre thèse consiste à souligner que l’existence ontologique du terroriste se limite à celle d’ « homme événement »…Y.M. : Sa biographie se confond avec sa nécrographie. Son existence n’est vouée qu’à quelques minutes de carnage. C’est un homme attentat. On connaissait des génies du mal, - Hitler, Pol Pot, Staline, Bokassa…- dont on pouvait établir la biographie sur les faits d’une vie. Il y a là une nouvelle façon d’exister, à travers les minutes où l’on donne la mort…A.J.: La postérité sur Internet…Y.M. : Coulibaly aux côtés de Chopin, Charpak ou Camus sur Wikipédia…A.J.: Depuis la parution du livre, vous pourriez ajouter à cette notoriété que la presse publie des extraits d’une lettre de l’un tandis qu’un autre, repenti -vous n’y croyez pas-, est invité sur un plateau télé…Y.M. : Je vais écrire un autre livre : « Terreur. Suite ». Que le type qui a formé les Kouachi vienne ...
