Une équation saoudienne à plusieurs degrés

Par Alexandre ADLER Historien, géopolitologue, spécialiste des relations internationales. Auteur de nombreux essais dont Le peuple monde (Albin Michel) Dimanche, la visite du Premier ministre d’Israël – et qui est déjà bien plus qu’un Premier ministre classique dans l’histoire d’Israël et déjà, à moult égards, une sorte de chef d’État qui ne dit pas encore son nom – est évidemment un événement dont la portée est la même que l’annonce par Sadate de sa visite en Israël et à Jérusalem alors que tout le monde se serait contenté de Tel Aviv – Dayenu. Mais, précisément, avec un sens théologico-politique très aigu, Sadate avait compris la mesure du défi qu’il infligeait à l’ensemble du monde arabe dont l’Égypte demeurait le centre, et savait par conséquent que sa visite prenait tout le sens que tout le monde avait déjà bien compris, à Jérusalem, dont il reconnaissait ainsi qu’elle était la véritable capitale de l’Etat hébreu, sachant évidemment que ce dernier conservait la responsabilité entière de la sécurité et de la sainteté d’al-Aksa et des symboles éternels de la présence de l’islam au cœur de Jérusalem. Il s’agit pour l’Arabie saoudite très exactement de la même audace théologico- politique. C’est en effet après deux générations suivant la mort du Prophète que le calife Omar décida d’expulser définitivement la totalité des juifs et des chrétiens de « la terre du Prophète ». Certes, cette expulsion, irrévocable jusqu’à nos jours, ne s’accompagna d’aucune violence, et même d’un mouvement de compensation considérable : alors que la chrétienté ne cessait de persécuter à l’intérieur de ses frontières non seulement les juifs mais aussi toutes les dissidences chrétiennes possibles, l’islam pratiquait dans les frontières de son empire la tolérance pluraliste la plus parfaite, laquelle commençait déjà dans la péninsule arabique par le statut préservé des juifs du Yémen ou du Bahreïn – statut qui non seulement ne fut jamais remis en cause, mais même consolidé par de successives fatwas. Grâce à cela, les juifs vécurent longtemps et de manière assez prospère à l’apogée de toutes les constructions successives de cet État islamique, jusques et y compris dans l’Empire ottoman, ...

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