Tempête sur Doha

Un hacking comme élément déclencheur   Lundi 5 juin, un séisme frappe le Moyen-Orient. A cette heure, personne ne mesure encore la portée des secousses telluriques qui ne manqueront pas de faire sentir leurs effets sur la région. Cinq Etats sunnites, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis (EAU), l’Egypte, Bahreïn et le Yémen annoncent la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar, décision non militaire la plus grave sur le plan international. Fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes, rappel des ambassadeurs, interdiction aux citoyens qataris de demeurer sur le territoire : le coup de force est inédit dans le Golfe. Cette coalition reproche à l’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani, des déclarations, relayées par l’agence officielle QNA, prétendument prononcées lors d’une cérémonie militaire de remises de diplômes. Quelques-uns des dossiers les plus chauds de la région auraient été évoquées. L’Iran ? « Une puissance islamique avec laquelle il faut compter puisqu’elle contribue à la stabilité de la région », selon l’émir. Les Frères musulmans et le Hezbollah ? En aucun cas des mouvements « terroristes ». Quand au Hamas, Tamim lui aurait conféré le titre de « représentant légitime du peuple palestinien ». Défendre l’Iran et l’islam politique frériste dans une même intervention, le cocktail ne pouvait être qu’explosif. Sauf que cette prise de parole n’a jamais eu lieu. A la demande du Qatar, le FBI, puis l’ambassade de France au Qatar, démontreront que QNA a été victime d’un piratage mené par des hackers russes, probablement au su de Vladimir Poutine. Le train lancé à toute vitesse ne s’arrête pas pour autant. La séquence sert en fait de prétexte pour solder les comptes. L’émirat doit rentrer dans le rang. Le 9 juin, l’Arabie Saoudite publie une liste de personnalités et d’organisations participant à des activités terroristes et qui bénéficieraient du soutien de Doha. Dans le même temps, le Financial Times révèle que le Qatar aurait versé un milliard de dollars de rançons à des responsables de sécurité iraniens et à des djihadistes liés à Al Qaïda, en Irak et en Syrie. Un moyen détourné de financer le terrorisme et l’ennemi juré iranien, accusent les voisins sunnites. La brouille aurait cristallisé les rancœurs.  Une crise larvée La crise germe en fait depuis des mois, des années. Le soutien du régime qatari aux Frères musulmans, lors des révolutions arabes de 2010-2011, a laissé des traces profondes en Arabie Saoudite ou en Egypte. Le président égyptien, le maréchal Abdel Fatah Al Sissi, n’a rien oublié du rôle joué par la chaîne qatarie Al Jazerra pour destituer Hosni Moubarak, au profit de Mohamed Morsi. Le déclin progressif des islamistes et le retrait du très entreprenant émir Hamad au profit de son fils Tamim, plus modeste dans ses ambitions géopolitiques, ont permis une légère accalmie. Passagère néanmoins. ...

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