Sunnites-Chiites, frères ennemis
Certains l’ont comparé à une nouvelle guerre de trente ans. D’autres y voient la ligne de fracture ultime parcourant le Moyen-Orient. La rivalité entre sunnites et chiites apparaît aujourd’hui plus que jamais comme la grille de lecture indispensable des conflits dans la région. Bien sûr, ceux-ci ne s’y réduisent pas et les revendications qui se drapent sous le manteau religieux cachent souvent d’autres motivations. Religion et politique se mêlent, à l’instar de ses deux confréries sœurs ennemies depuis quatorze siècles.Il faut d’abord remonter au milieu du VIIe siècle pour comprendre l’origine de cette lutte fratricide. Nous sommes en 632, l’islam cumule à peine dix ans et voit s’ouvrir devant elle une ère d’expansion territoriale dans le monde arabe. La succession de Mahomet, le dernier des prophètes monothéistes pour l’islam, crée les premières tensions. A la question « Qui pour remplacer “l’élu de D-ieu” », deux réponses émergent. Un premier camp, que l’on qualifiera plus tard de « sunnite » pour exprimer sa fidélité à la ligne de conduite suivie par Mahomet (la sunna), penche pour un système d’élection du nouveau chef. Les partisans d’Ali, le neveu de Mahomet, appuient au contraire la candidat ...