Shmuel Trigano : « Un nouvel âge d’or du retour à Sion doit s’ouvrir »
Actualité Juive : Par rapport à « Quinze ans de solitude », ce livre témoigne d'une grande espérance.Shmuel Trigano : Au terme de cette longue analyse de "l'ébranlement d'Israël", je tire des conclusions et des propositions d'action pour l'avenir. Et je ne vois un tel avenir pour les Juifs autant que pour le judaïsme qu'en Israël. Ce n'est pas une pétition de principe mais une réalité : 3/4 des enfants juifs du monde naissent en Israël. Faites la projection dans le futur!A.J.: Vous êtes sévère à l’égard de l’idée d’émancipation. Qu’elle concerne les Juifs comme individus avec la Révolution ou les Juifs comme peuple dans la pensée sioniste (« l’auto-émancipation » de Léo Pinsker en 1882), elle porte toujours une faiblesse intrinsèque. Laquelle ? Shmuel Trigano : La dissociation du Juif et de l'homme, de l'individu et du peuple qu'elle a mis en œuvre a ouvert la porte à une catastrophe qui se répète tous les 40 ans depuis l'apparition de l'antisémitisme en 1848. Nous y sommes aujourd'hui avec le "nouvel antisémitisme" européen. Si les individus ont profité de l'émancipation, le destin collectif juif est resté, lui, dans la jungle et il a fini par les engloutir. La situation internationale actuelle d'Israël l'illustre encore. L'auto-émancipation, le sionisme, fut un immense progrès. Elle répara cette défaillance structurelle en donnant au peuple juif un Etat. Mais elle resta dans la logique de l'émancipation et perpétua le problème du destin collectif juif dans la modernité démocratique. Son existence pose ainsi toujours question en Israël comme dans la politique internationale : un postsionisme, né en Israël et l'antisionisme rassis de certaines élites diasporiques ont fourni au nouvel antisémitisme ses thèmes les plus forts. Le paysage stratégique du monde a changé aujourd'hui avec l'entrée dans l'âge postmoderne : la logique de l'émancipation y est de toute façon ...
