Shmuel Trigano : L’histoire méconnue du sionisme
La commémoration, chaque année, en Israël, de la liquidation des communautés juive du monde islamique, devrait être l'occasion d'une réflexion approfondie sur le destin juif contemporain. Cette histoire, absente de tous les livres, est le chaînon manquant de la compréhension du conflit dans lequel Israël est engagé : occultée dès ses origines par les élites politiques et académiques israéliennes. On a célébré l'Alyah massive de cette population en ignorant ce qui l'a précédé, pas seulement depuis le 29 novembre 1947, date de la partition du pays et la création de deux Etats mais depuis toujours et plus spécialement depuis le début du XIXe siècle quand les peuples premiers de l'islam, ceux qui vivaient dans ces territoires ont commencé à recherché leur indépendance alors que l'Empire ottoman entamait son déclin. On a cru voir en elle un appel « messianique », c'est-à-dire irrationnel, religieux, mais on a gommé son envergure politique et internationale. Il est question de la fin de 11 communautés, dans une zone géographique considérable, du Maroc à la Perse, de la Turquie au Yémen, de 900 000 personnes jetées sur les routes de l'exil dont 600 000 ont trouvé refuge et citoyenneté en Israël, sur une période de 30 ans, de 1940 à 1970. On ne comprend pas cette occultation. Elle s'est en effet avérée desservir l'image d'Israël au fi ...