Shmuel Trigano: Les Syriens arrivent, les Juifs s’en vont et le boycott d’Israël s’installe

L'Europe nous offre ces jours ci un spectacle de fin des temps. Elle est la scène d'un bouleversement historique comme l'histoire de l'humanité en a rarement connus. Au plus près des faits  - et donc très loin de l'habillage sémantique des médias - c'est d'un transfert de populations qu'il s'agit, du Moyen Orient vers l'Europe. "Migration" relève du jugement sociologique, mais, en termes politiques et donc militaires, lorsque des masses considérables de population forcent les frontières, s'imposent à des Etats qui n'ont pas été sollicités et n'ont pas donné leur accord, et de surcroît avec des exigences en matière de droits, on aura parlé, en d'autres temps, d'"invasion". Les populations en question en effet ne sont pas, dans leur majorité, constituées de réfugiés loqueteux mais de gens capables de payer jusqu'à 3000 euros à des passeurs et leurs places de train, détenteurs de Iphones etc. Du flot d'images qui apparaissent sur les écrans, se dégage la figure d'une population de jeunes hommes dans la force de l'âge et plus rarement de femmes (la plupart voilées) et d'enfants.Il est très clair que leurs deux points d'entrées sont la Libye et, surtout ces derniers temps, la Turquie. On sait ce qu'il en est de la Libye, par contre la responsabilité de la Turquie dans cet exode de masse reste un tabou malgré le déluge médiatique. Or, il ne fait pas de doute qu'en laissant partir ces populations par la mer, tant par les moyens qu'elle leur fournit (vente de canots, etc) que par sa tolérance du trafic des passeurs et l'absence de surveillance de ses frontières, la Turquie porte un coup à l'Union Européenne qu'une Europe anémique est incapable de fustiger. Ce coup violent prend une ampleur stratégique quand on le replace dans la perspective du soutien de facto des Turcs à l'Etat islamique, en matière d'approvisionnement en toutes ressources, de commercialisation du pétrole, d'absence d'attaque réelle de ses troupes, conjuguée aux frappes contre les ennemis kurdes de l'Etat islamique, et, last but not least, la facilitation du passage des djihadistes du monde entier vers la Syrie. Les "réfugiés" actuels ne viennent pas de Syrie mais de Turquie où les rejoignent sans doute les Érythréens qui se trouvent parmi eux. Dans l'ère des Etats-nations et dans l'ère post-moderniste: c'est selon...La terminologie privilégiée par les médias - en accord sans doute avec les élites politiques - fait écran à la réalité. Les deux pouvoirs fonctionnent objectivement de concert dans toute l'Union Européenne et donnent le ton de l'interprétation des événements. Nous avons constaté, ces dernières vingt années, l'importance croissante des officines de communication politique qui sont devenues les instruments clefs du pouvoir qu'elles fournissent en dispositifs sémantiques, "éléments de langage" comme on dit aujourd'hui (ce qu'on appelait hier "discours idéologiques"), mots-valises capables d'"habiller" un événement pour en détourner le sens afin de favoriser une ligne politique. Il y a en effet des mots qui font écran à la compréhension des choses qu'ils désignent. Ils faussent profondément le débat public, ce qui contribue à obscurcir encore plus la réalité au point qu'on ne comprenne plus rien. Nous avons été quelques uns, depuis 15 ans, à identifier cette nouvelle forme de pouvoir avec le traitement d'Israël et du "nouvel antisémitisme" et c'est vrai de la politique de tous les pays  démocratiques[1] : la façon dont les médias construisent les faits et dont il les habille de mots s'inscrit dans la "gouvernance" politique et interdit toute vision critique de la réalité: tout réalisme.Ces opérations de langage ne sont pas en fait purement manipulatoires, elles s'adossent à une conception idéologique,  celle du "post-modernisme"[2]. Dans ses présupposés, ce dernier implique, entre autres choses, le déni radical de la réalité de la nation (qui, cependant, ne cesse pas d'exister car les peuples sont un fondement ineffaçable de l'humanité), le déni de la légitimité de l'identité nationale et des droits du citoyen face aux "droits de l'homme". Un autre de ses présupposés est la culpabilité de principe de l'Occident et l'innocence des non-Occidentaux, avec une préférence pour le monde arabo-musulman et noir. Pour intimer la censure sur toute autre perspective il instrumentalise la morale et le savoir académique. Empaquetage victimaire et compassionnelQuand on pense dans ces termes-là, effectivement, il n'y a pas d'"invasion" puisqu'il n'y a pas de nations mais uniquement des individus et puisqu'il n'y a pas d'Etat, pas de pouvoir et donc pas de frontières. Quant aux "migrants", ils ne sont pas considérés dans leur identité puisqu'on ne se soucie que des "droits de l'homme", de l'homme en général et pas des droits des citoyens qui sont toujours citoyens d'un Etat particulier, identifié, etc. L'empaquetage victimaire et compassionnel des faits devient possible et crédible, en puisant dans le meilleur des sentiments humains. Ainsi ce qui se passe ne constitue pas une crise politique et militaire mais humanitaire. Le martyre de la traversée en mer efface le risque pris par les immigrants et la culpabilité des passeurs mais aussi des pays qui les laissent accomplir leurs forfaits. Le moment clef de cet empaquetage fut sans nul doute l'exploitation médiatique de la photo de l'enfant mort sur une plage. Elle fut l'occasion d'un coup émotionnel répercuté à outrance par les médias qui ressemble beaucoup à la mort supposée de l'enfant Al Dura sous les balles de l'armée israélienne à Gaza, devenue par la grâce de France 2 l'emblème du nouvel antisémitisme. Le Wall Street Journal  (4 septembre) ...

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