Shmuel Trigano : « La vie la plus concrète des Juifs comme peuple est aujourd’hui en danger »
Actualité Juive : Vous publiez un livre qui rassemble 15 ans d'analyses du « nouvel antisémitisme ». Pourquoi cette récapitulation ?Shmuel Trigano : Je crois avoir compris la nature de ce qui arrive. J'ai construit une analyse qui va du sécuritaire au politique et au culturel. Quinze ans d'événements l'ont mise à l'épreuve sans qu'elle défaille. Je ne me suis pas trompé depuis 1982, avec mon livre “La République et les Juifs après Copernic”. Je referme donc le dossier – sur le plan intellectuel en tout cas – et ce livre constitue à mes yeux une sorte de petit mémorial de ce qui s'est passé, encore incroyable pour une partie de l'opinion tant le déni a été grand. Plus tard on y trouvera l'archéologie de la crise et la clarification de ses enjeux considérables.A.J.: Cette période se caractérise selon vous par la « solitude des Juifs de France ». Comment décririez-vous cette situation ? Vous vous êtes personnellement assez peu exprimé dans les médias généralistes ces dernières années alors que vos ouvrages continuent d’être publiés dans de grandes maisons d'édition.S.T. : Dès le début des années 2000 il fut très difficile de faire passer mes analyses. Le « prix » à payer devint très élevé et indigne : pour intervenir dans le pseudo-débat médiatique, il fallait soit jeter le discrédit sur Israël, soit accepter de subir une exécution publique du fait des panels de débat devenus de véritables tribunaux. Notre voix a été interdite et nous avons été exclus de la scène publique. La société française n'a pas voulu entendre notre appel. Elle découvre maintenant avec stupéfaction les retombées de sa surdité. Pour ma part, j'ai continué à écrire sur ce sujet. C'était une question de salubrité mentale et je crois avoir contribué à éclairer l'opinion : Internet, les newsletters juives, ...
