Shmuel Trigano: La présidentielle, l’antisémitisme et l’avenir des Juifs de France
C'est une idée reçue - notamment en Israël et aux Etats unis - que si des Juifs quittent la France, c'est pour fuir l'antisémitisme[1]. C'est une vue très superficielle des choses. Il est vrai que tout le monde n'est pas sociologue ou historien pour comprendre ce qui se passe au moment où on le vit. Quoiqu'il ne suffise pas d'être sociologue, car nous en avons rencontré durant les années 2000 pour nous dire qu'il n'y avait pas d'antisémitisme mais plutôt du communautarisme juif...L'antisémitisme, qui est bien réel, ne compte dans ce départ - c'est la thèse que je défendrais - qu'à titre de symptôme d'une réalité plus profonde, à savoir l'expérience concrète et la plupart du temps muette, que le mode d'identité juive sur la base duquel nous vivons depuis la deuxième guerre mondiale, n'est plus actuel ni valide. Le paysage dans lequel il est né et s'est développé a disparu totalement. Il n'est plus porté par la société, ni amarré à elle. C'est un bateau sans gouvernail, dont le capitaine a perdu ses cartes et ses instruments de navigation, en période de tempête, à savoir l'ébranlement et l'égarement de la société française.Je considère que je n'ai plus à le démontrer car j'en ai fait l'analyse dans un livre paru en 2005, L'avenir des Juifs de France (Grasset), auquel les institutions juives comme le milieu communautaire n'ont alors do ...