Shimon Peres, l’homme d’Etat qui voulait être aimé

« Optimistes et pessimistes meurent de la même manière, mais ils vivent différemment. Je préfère vivre comme un optimiste ». Ainsi répliquait Shimon Peres, de sa voix grave et posée, à ceux qui s’étonnaient, avec plus ou moins d’empathie, de sa foi. Foi en l’avenir, foi en l’homme, foi dans le destin d’Israël. Sa vie fut donc une ode à l’espoir et on veut croire que son dernier souffle n’ait pas éteint son dessein. A l’évidence, il en fallait une certaine dose pour croire qu’il partirait, à 93 ans, célébré par tout un peuple comme l’un des pères de la nation israélienne. Sa carrière politique ressembla si souvent à un radeau flottant, au gré du vent, des cimes (prix Nobel de la paix, président de l’Etat) aux marécages (défaites aux législatives, échec des accords d’Oslo, mise à l’écart au sein du parti travailliste).Pendant longtemps, une éternité sûrement, Peres fut le « Monsieur perdant » de la vie politique israélienne. « Je suis maudit » lâcha-t-il en 1996, un soir de défaite électoral face à l’outsider d’alors, Benyamin Netanyahou.  Si Shimon s’était appelé Simon et avait battu la campagne à San Francisco plutôt qu’à Tel-Aviv, nul doute que sa carrière aurait pris fin au siècle dernier. Peut-être dès la fin des années 1970, après la victoire du Likoud de Menahem Begin aux législatives de  1977, l’historique maape’ha. A moins que ce ne soit en 1981, autre soir de défaite face à la droite. Comme en 1996.  « Oleh éternel »Mais Szymon Persky, le natif de Vichneva dans la Pologne des années 1920 n’était pas fait de ce bois là. Lui le non-sabra, « l’éternel  oleh », selon l’expression ce matin d’un chroniqueur du Haaretz, arrivé en Palestine mandataire à l’âge de 11 ans, en 1934 dans le proto-Etat sioniste, avait pour lui la conscience que rien ne lui serait jamais acquis. Ce fut sa force, sa faiblesse aussi parfois lorsque le désamour des Israéliens se faisait trop fort. Shimon Peres n’avait pas la stature de David Ben Gourion, le charisme de Moshé Dayan, la fougue d’un Arik Sharon. Cela ne l’empêcha pas de bâtir, un programme de défense nucléaire au mitan du XXe siècle, un plan de paix plus tard. Il chuta souvent, se releva toujours. Sept fois par terre, mille fois debout. Peres ou la résilience en politique ...

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