« Robert Badinter,la dernière figure morale consensuelle des gauches »
L’écrivain Maurice Szafran, directeur général du groupe Challenges, publie avec Dominique Missika L’homme juste. Robert Badinter (Tallandier). Il est l’invité d’Affaires publiques vendredi, sur Radio J, à 10h04. Morceaux choisis. Maurice Szafran, vous signez avec l’historienne et éditrice Dominique Missika un passionnant essai biographique consacré à Robert Badinter. Il se trouve que vous le connaissez depuis longtemps. Représente-t-il, pour vous, la quintessence de l’« homme juste » ?Maurice Szafran : Cela fait longtemps en effet que nous nous connaissons. Robert Badinter est une personne extrêmement secrète et je sais qu’il a refusé toutes les propositions des éditeurs pour écrire des livres d’entretiens sur sa trajectoire. Et, plutôt que de rédiger son autobiographie, il a préféré, il y a trois ans, se consacrer à la biographie de sa grand-mère, Idiss (Fayard). C’est un choix conscient que Robert Badinter a fait alors et, à sa grande surprise, ce livre, dont il pensait que le succès serait assez modeste, s’est vendu à quelques centaines de milliers d’exemplaires. À un moment où les gauches politiques s’effondrent, où les millions d’électeurs de gauche sont perdus, la seule figure qui fasse encore consensus auprès des gauches politiques, c’est Robert Badinter. Cela a été le déclencheur pour nous… Justement, Maurice Szafran. La vraie matrice de Badinter, n’est-ce pas ce réformisme de gauche qu’il a très tôt apprécié chez son mentor, Me Henry Torrès, et chez l’ami de ce dernier, Pierre Mendès France ? Robert Badinter n’est-il pas, fondamentalement, mendésiste ?M.S. : Oui et non… Robert Badinter, comme la plupart des enfants et des adolescents qui ont traversé l’épreuve de l’Occupation, du nazisme et de la Shoah, est allé, sans se poser aucune question, vers la gauche. Cela a été leur chemin naturel ...
