Richard Prasquier : Un antisémitisme toujours tendance

La commémoration du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale a rejeté dans l’ombre le 80e anniversaire de la « Nuit de Cristal », appellation absurdement poétique du drame qui vit la disparition de fait du judaïsme allemand organisé : 250 morts, plus de 1 000 synagogues détruites, 30 000 Juifs envoyés dans les camps de concentration. Une opération exécutée avec toute la rigueur technique dont la SS était capable, rien à voir avec les débordements populaires des pogroms à l’ancienne. On brûlait les synagogues, mais les pompiers veillaient à ce que le feu ne se propage pas aux immeubles voisins. Pour les Juifs du Reich, nulle part où aller, les protestations officielles furent de pure forme. Seule l’Angleterre, honneur à elle, accepta d’ouvrir ses portes aux 10 000 enfants des KIandertransporten. D’où vient que la commémoration du centenaire n’a guère suscité de débat sur le suicide de l’Europe capable de livrer une guerre épouvantable, incapable de gérer la paix ? La Nuit de Cristal témoigne de la faiblesse des démocraties devant la violence d’un régime totalitaire. S’il ne faut pas extrapoler l’époque actuelle, le sentiment de la fragilité de nos démocraties s’est bien installé. Or, si elles sont à la peine, la pensée binaire prospère et l’antisémitisme se développe. Nous avons cru que celui-ci était « nouveau ». Mais le vieil antisémitisme devient plutôt tendance et les deux font bon ménage. Je ne parle pas ici du nazi de Pittsburgh. Je parle de ceux qui s’en accommodent, p ...

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