Richard Prasquier: Sincérité et solidarité, un diptyque dangereux ?

« Ce qui me frappe, c’est la profonde sincérité de leur engagement religieux », déclarait récemment un avocat pénaliste à propos de ses clients djihadistes. Le commentaire valait, semble-t-il, circonstance atténuante. Vraiment ? Si la liberté et l’égalité sont emblématiques de notre triptyque national, la sincérité et la solidarité sont deux passions en hausse dans notre imaginaire : elles ont servi dans cet été 2015 pour de grands et petits événements. Etait-elle sincère, madame Ieng Thirit, décédée cette semaine, qui à son procès pour crimes contre l’humanité, prétendait n’avoir jamais fait que le bien ? Belle-soeur de Pol Pot et ministre majeur de son gouvernement (1700 000 morts, le tiers de la population cambodgienne), l’idée d’une quelconque responsabilité lui était aussi saugrenue qu’elle l’avait été pour la quasi-totalité des nazis après la guerre. Les tueurs au nom d’une idée sont en général des individus sincères. Depuis les inquisiteurs aux gardes rouges, depuis les oustachis aux militants de Al Qaida, depuis les Einsatzgruppen aux responsables de la monstrueuse famine organisée par Staline en Ukraine, interminable est la liste des crimes de masse dont les auteurs se prévalaient sincèrement de la haute moralité de leurs actes. La religion, lorsqu’elle nomme l’ennemi à détruire, est, dans un monde où les utopies politiques ne font plus rêver, le repositoire majeur de ces sincérités meurtrières qui ne se limitent pas au cancer islamiste djihadiste dont lsis est le sinistre modèle, parfaitement sincère, qui annonce sans fard ce qu’il cherche à faire : nous tuer tous, juifs, chrétiens, c ...

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