Reuven Rivlin : « Nous avons le devoir sacré de préserver et de transmettre la mémoire de la Shoah »

Le président de l’État d’Israël, Reuven Rivlin, a accordé un entretien exclusif à Actualité juive à l’occasion de la Journée internationale en mémoire des victimes de la Shoah, célébrée le 27 janvier. Le chef de l'État en profite pour se livrer à un tour d'horizon passionnant de l'actualité. Nous commémorons, cette semaine, le 76e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau. Monsieur le Président, la disparition des derniers témoins de la Shoah peut-elle mettre en danger la transmission de la mémoire ?Reuven Rivlin : Nous avons le devoir sacré de préserver et de transmettre la mémoire de la Shoah et de ses victimes. L’an dernier, en janvier 2020, j’ai accueilli un sommet historique réunissant une cinquantaine de leaders mondiaux, parmi lesquels le président français Emmanuel Macron, pour commémorer le 75e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau. Réunis dans un geste de souvenir solennel, nous nous sommes engagés à promouvoir l'enseignement de la Shoah afin d’être certains que les générations à venir fassent en sorte que plus jamais, l’antisémitisme, le racisme et la xénophobie mènent notre peuple et le monde entier vers la destruction. Devant les tentatives de réécriture et de falsification de notre histoire, il est du devoir de la jeune génération d’entendre les témoignages des derniers survivants de ces heures les plus sombres de l’histoire de l’humanité. Je suis certain que nous n’échouerons pas. La pandémie de Covid-19 a bouleversé le monde. En fermant ses frontières, l’État d’Israël a suscité une grande émotion au sein des communautés juives de Diaspora qui ne pouvaient plus y avoir accès. La communauté juive de France, dont vous savez l’attachement très fort et les liens avec Israël, souffre de cet éloignement. Qu’avez-vous à lui dire, en attendant des jours meilleurs ?R.R. : Lorsque la pandémie de Covid-19 est survenue il y a presque une année, tous les pays dans le monde ont fermé leurs frontières, cherchant à combattre le virus et à protéger leur population. Cette séparation d’avecle reste du monde, derrière les frontières nationales, a été particulièrement pénible pour nous. Le peuple juif est plus qu’un peuple déployé partout dans le monde – il est une famille, ici en Israël et dans les communautés juives du monde entier.Même dans les jours les plus âpres, lorsque la mobilisation contre le coronavirus battait son plein, et que la pression sur notre système de santé a pu sembler insupportable, lorsque le fardeau économique de la quarantaine et de la distanciation sociale a désorganisé si profondément nos vies, nous sommes restés profondément attachés aux conditions devie et de confort de nos frères et sœurs à l’étranger. Nous avons observé ce qui se passait et avons suivi avec anxiété ce qui nous revenait des communautés juives des quatre coins de la planète, et nous avonsprié pour votre sécurité. Le gouvernement ainsi que plusieurs autres institutions israéliennes sont quotidiennement en contact avec la communauté juive de France. Malgré la distance et la séparation physique, nous avons maintenu des liens très solides et notre engagement est resté inchangé. Il est difficile de résumer en mots la nature exacte de cette relation. Mais nous savons que nous sommes reliés les uns aux autres et que nos destins sont liés. Vous nous avez manqué tout au long de cette longue séparation et je sais, aussi, que nous vous avons manqué. Espérons que nous soyons bientôt en mesure de nous retrouver en Israël. Nous attendons ce moment avec impatience et nous vous accueillerons à bras ouverts. Vous êtes venu en France il y a deux ans, et vous êtes entretenu avec le président Emmanuel Macron sur la situation de l’antisémitisme. Depuis, de nombreuses attaques ont visé la communauté juive de France. Par quels moyens, d’après vous, faut-il lutter contre ce fléau ?R.R. : Lorsque je me suis rendu en visite en France, en 2019, la communauté juive venait de subir une série d’horribles attaques antisémites parmi lesquelles les meurtres de Sarah Halimi et de Mireille Knoll, la profanation du cimetière de Quatzenheim et d’innombrables campagnes, menaces et intimidations, dont l’une des plus récentes est le harcèlement en ligne subi par la candidate au concours de Miss France, April Benayoum. Lorsque les Juifs ne peuvent pas vivre en sécurité et en confiance en France et, plus largement, en Europe, cela signifie, comme je le crains, que les leçons du passé n’ont pas été tirées. Il y a encore beaucoup de travail à accomplir, dans un contexte où les écoles, les synagogues, les centres communautaires, les entreprises, les résidences individuelles et les voisinages ne sont pas en sécurité.Nous devons nous souvenir et nous exprimer sur les valeurs et les principes qui nous sont chers. La dignité humaine et la liberté, le caractère sacré de la vie prévalent, de même que la nécessité de nous opposer à tous ceux qui les mettent en cause et les affaiblissent. C’est la raison pour laquelle nous devons nous engager dans un combat sans compromis contre la haine et le racisme de toutes sortes. Nous savons que ce qui commence avec l’antisémitisme et les atteintes contre les Juifs est un mal sans fin.Une part de la haine des Juifs, cet antique virus, plus fort et plus têtu que le virus que nous combattons en ce moment, a muté en haine d’Israël. Des sentiments d ...

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