Rencontre exclusive avec un combattant kurde en guerre contre l’Etat islamique

Actualité juive : M. Shelazi, vous êtes aujourd’hui français mais vous êtes né au Kurdistan. Pourquoi votre famille a-t-elle quitté son pays ? Amir Shelazi : Nous sommes arrivés en France en décembre 1990.  Nous du quitter le Kurdistan en 1988 à cause du génocide organisé par Saddam Hussein contre la population kurde. Nous sommes restés deux ans dans le camp de Marbin en Turquie et puis Danièle Mitterrand nous a amené en France, en décembre 1990, par le biais de la Fondation France Liberté. A.J. : Il y a deux mois vous rejoignez les Peshmergas (combattants kurdes) sur le front, dans leur combat contre l’Etat islamique. Quand avez-vous pris cette décision ? A.S. : Dès que l’Etat terroriste comme je l’appelle a lancé sa première attaque contre le Kurdistan, le président Massoud Barzani a lui lancé à la télévision un appel aux volontaires pour participer une guerre contre ces terroristes.Ici en France, nous avons fait  quelques manifestations pour que l’Etat français intervienne. Une fois que François Hollande a décidé de soutenir le Kurdistan et les peshmergas, nous avons pris la décision d’y aller. Les Kurdes sont très contents du soutien de la France. A.J. : Comment vous êtes-vous rendus au Kurdistan ? A.S. : Nous sommes partis en voiture d’Angoulême pour un voyage  de 4800 km. Avec mon père et un ami. Nous sommes passés par l’Italie, la Slovénie, la Serbie, la Yougoslavie, la Bulgarie et le Turquie et l’Irak. A.J. : Etiez-vous attendus sur place ? A.S. : Oui et non. J’avais pris contact avec des membres du gouvernement kurde. Ils m’ont déconseillé de venir et m’ont dit : « Pour l’instant on n’a pas besoin de vous et nous n’avons pas assez d’armes pour tout le monde ». Mais j’ai insisté et j’y suis allé. Le premier jour, quand nous sommes arrivés, notre famille était assez étonnée de voir des Européens débarqués, alors que des Kurdes fuient en Europe justement. Je leur ai expliqué que psychologiquement je ne me voyais pas rester les bras croisés alors  que le pays va mal. A.J. : Comment vous êtes-vous enrôlés ? A.S. : J’ai pris contact avec l’armée le lendemain. Plus exactement avec le général Aljab Kaymaz et Afid Barzani. J’ai insisté pour partir avec eux au front. Ils ont cédé au bout de trois jours, et m’ont dit : « trouve un uniforme et viens ». Je suis parti avec Barzani et j’ai rejoins le général qui contrôlait alors le front au niveau du barrage de Mossoul depuis une semaine. Nous étions en première première ligne. Les Peshmergas venaient de reprendre un village tenu par les terroristes. Sauf deux maisons dans lesquelles des terroristes s’étaient retranchés avec des snipers. Tous étaient kamikazes. Ils avaient aussi des lance-roquettes. Les Peshmergas ne pouvaient pas lancer l’assaut à cause des snipers car la région est désertique et n’offre que très peu d’abris. Il fallait faire extrêmement attention à ne pas être dans la mire des tireurs. A.J. : Comment s’est dénouée la situation ? A.S. : Mal. Au bout d’un moment un groupe de Kurdes a décidé d’attaquer avec des hummers blindés de l’armée. Ils ont lancé l’assaut et nous, à pied, avons fait le tour pour rentrer dans le village et s’approcher au mieux des deux maisons. Mais le général Kaymaz et Afid Barzani avec d’autres militaires présents dans les hummers de l’armée se sont fait immobiliser par un sniper qui a crevé les pneus. Un des terroristes est sorti d’une maison pour lancer une roquette contre le hummer qui a pris feu. Apparemment, ils sont bien entrainés et savent viser les points faibles du véhicule. De notre côté, nous avons fait le tour pour nous approcher des maisons. Un d’entre nous s’est approché d’une habitation et, malheureusement, un kamikaze est sorti sur le pas de la porte et s’est fait exploser. A.J. : Avez-vous une formation militaire ? A.S. : Pas du tout. A.J. : Vous êtes arrivés dans le feu de l’action… A.S. : Je n’en demandais pas autant pour le premier jour… Et puis après l’explosion du terroriste il y a eu un grand silence… Nous avons pensé qu’il ne restait plus personne. Un Peshmerga s’est levé alors pour s’avancer vers la maison et a reçu une balle dans la poitrine. Il restait au moins un sniper dedans… Il est mort dans l’ambulance qui l’emmenait à Dohuk. Une autre peshmerga en face a reçu une balle dans la joue. Afid Barzani, le frère du président, a décidé de se rapprocher de lui pour le mettre à l’abri avec un autre Peshmerga. Il a reçu une balle dans le bras ...

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