Raphaël Draï : « Le fil rouge de mon œuvre ? Le choix de la vie »
Actualité Juive : Pourquoi le choix de ce titre, « Topiques sinaïtiques ? » Dans votre introduction, vous expliquez que c’est le mot grec topos qui renvoie le mieux à l’idée hébraïque de makom, le « lieu-événement ». Raphaël Draï : Un « makom » ou « topos » n’est pas seulement un lieu géographique. Le Sinaï est un lieu à partir duquel on pense et on parle. Sur le Sinaï, D’ieu a parlé à l’Humanité par l’intermédiaire du peuple d’Israël. Tout topos est aussi un lieu à partir duquel on s’adresse à ses prochains, avec un souci d’échange. Parmi les lieux éminents qui constituent la culture occidentale, on compte des monts importants, de l’Olympe grec au Palatin romain. Le Sinaï est quant à lui considéré tout au mieux comme une curiosité locale. Or il me semble que le Sinaï est un topos à partir duquel s’est produit un événement d’une portée considérable : le Créateur s’y adresse à l’Humanité pour lui dire comment poursuivre une œuvre de vie. Pas seulement en établissant une idée vague, mais en définissant les institutions et les conduites qui mettront cette vie en œuvre. Dans cette période où les idéologies sont exténuées, il y a là un gisement de pensée neuf, à disposition de quiconque voudrait y pénétrer. Beaucoup des études présentes dans les Topiques ont été écrites ces dix ou vingt dernières années, même si les inédits y sont nombreux. J’ai toujours su qu’elles formeraient un plan d’ensemble, et dans le cadre des enseignements que j’ai proposés. C’est ce qui explique la distribution des études en cinq tomes. « Le D’ieu de la Torah est un D’ieu infini »A.J. : Quel est le fil rouge reliant justement les cinq tomes des Topiques ? R.D. : Celui que j’ai parcouru depuis mon départ d‘Algérie : le choix de la vie, ...