Rabbi Jonathan Sacks, une lumière s’est éteinte

Rares sont les hommes de foi dont la voix aura porté si fort, si loin. Rabbi Jonathan Sacks est décédé samedi 7 novembre, à l’âge de 72 ans, et la nouvelle a laissé des myriades d’hommes et de femmes dans le monde orphelins d’une parole de vie féconde et singulière. « Un phare pour les nations », disait de lui le Prince Charles qui a rendu hommage à un homme qui « jetait un pont entre le sacré et le profane ». Jamais peut-être depuis le dernier Rabbi de Loubavitch, Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson (zatsal), disparu en 1994, un maître n’aura acquis une telle influence, par-delà les sensibilités, par-delà les différences. Peut-être rangera-t-on dans ce cercle restreint le rabbin Adin Even Israel Steinsaltz (zal), vulgarisateur inlassable du Talmud au XXe siècle, disparu le 7 août dernier. Les deux hommes s’appréciaient, nourris à la même source. « D’une certaine manière, ils étaient tous les deux des shlou’him, analyse Julien Darmon, éditeur de Rabbi Sacks aux éditions Albin Michel. Des hommes sur lesquels comptait le Rab-bi de Loubavitch pour diffuser la Torah au-delà du monde religieux ».A la vérité, Jonathan Sacks ne se prédestinait pas au rabbinat. Une rencontre va pourtant « changer sa vie ». Nous sommes à l’été 1968 et le jeune étudiant Sacks, inscrit en philosophie et en économie à Cambridge, se destine à une carrière d’enseignant. Des émissaires Loubavitch l’invitent à rencontrer le Rabbi. Au 770, siège de Habad à Brooklyn, le jeune Anglais est interpellé par le maître des lieux sur son action au service des étudiants juifs du campus. Bouleversé par cet appel au leadership, Jonathan Sacks s’y attelle, poursuit ses études en philosophie morale puis passe son ordination rabbinique à Kfar Habad en Israël, dont il a découvert la centralité en 1967. Désormais marié et doublement diplômé, il revient voir son maître, avec une question : que faire maintenant ? Trois options s’ouvrent devant lui : universitaire, économiste, avocat. Le Rabbi lui indique une autre voie: « Vous devez former des rabbins ».Démarrant sa carrière à Golders Green, il est rapidement nommé à la tête de la prestigieuse synagogue de Western Marble Arch au cœur de la capitale londonienne, avant d’être choisi en 1991, à 43 ans, comme grand rabbin des communautés hébraïques unifiées du Royaume-Uni.Pendant vingt-deux ans, Rabbi Jonathan Sacks se fait bâtisseur. Il redynamise la vie communautaire, donne un nouvel élan au système scolaire juif britannique, l’un des héritages les plus pérennes de son action. Sa pensée n’est pas en reste. Il écrit des livres à un rythme foisonnant, publie des Credo dans le prestigieux Times, intègre la sélective liste des contributeurs de Thoughts for the Day de la BBC.A ses côtés, toujours, son épouse Elaine. Autre rencontre décisive. Lorsqu’il croise son chemin, à vingt ans à peine, ce fils d’un marchand de vêtements polonais, Louis, « catégorique dans ses jugements », et d’une mère d’origine lituanienne, Louisa, se pose des questions, manque de confiance en lui. « J’étais plein d’incertitude ontologique et d’angoisse existentialiste, racontera t- ...

Vous devez être connecté(e)(s) pour accéder au contenu du journal

Je me connecte

Supplément du journal

Petites annonces

Votre annonce ici ? Ajouter mon annonce

Publicités

Bouton retour en haut de la page

Vous ne pouvez pas copier le contenu de cette page