P’tit Déj’ exclusif avec le Grand Rabbin de France Haïm Korsia : « Nous avons besoin d’une France forte pour nous défendre »

Actualité Juive: Une des grandes voix de la mémoire de la Shoah, Claude Lanzmann nous a quittés cette année. Que représentait-il pour vous, et quels étaient vos points de divergences ? Haïm Korsia : Claude Lanzmann était un homme en colère et notre société a peur de la colère. La Torah nous montre pourtant un homme extraordinaire, Pinhas. Lors d’une colère terrible, il tue deux personnes qui manquaient gravement de respect à l'Eternel. Je me suis toujours demandé : « Comment peut-on faire ça pour D.ieu ? ». Il réagit de manière très colérique et pourtant c’est à lui que D.ieu donne la paix. Car sa colère était pure. Nous n'avons pas le droit de réitérer ce qu'il a fait, mais Claude Lanzmann était un homme toujours en colère. Et ses colères étaient saines, capables de nous faire prendre conscience que le ronronnement du monde dans lequel nous nous trouvons est parfois inacceptable. Il a surtout eu le trait de génie d’utiliser le mot « Shoah », remplaçant ainsi le mot terrible d'« holocauste », qui a une connotation sacrificielle à l’opposé de la réalité des choses.C’est vrai, on n’était pas toujours d’accord avec lui. Il a, par exemple, eu une colère sans limite contre Spielberg après son film « La liste de Schindler », parce qu’il considérait que la fiction dénaturait la vérité. A titre personnel, je crois pourtant que la fiction est capable de dire des choses à ceux qui ont peur de la réalité. Mais qui est en colère dans la Bible ? Les prophètes. Claude Lanzmann avait d’une certaine manière et sur certains points des accents prophétiques, capable de nous bousculer. A.J.: Il était également très attaché à Israël. Haïm Korsia : C’est son premier combat. Il ne faut jamais oublier qu’avant  « Shoah », il a réalisé « Pourquoi Israël ?». Claude Lanzmann avait en réalité trois combats principaux : la Shoah, Israël et Tsahal. Aujourd’hui, alors que son épouse se pose des questions pour sa succession à la tête de la revue Les Temps modernes, elle est très attentive au positionnement d’un(e) candidat(e) par rapport à Israël.A.J.: Comment continue-t-on à transmettre cette mémoire, alors qu’on assiste à la disparition inévitable des derniers témoins de la catastrophe. Est-ce que cela passe forcément par la fiction ou y a–t-il un travail d’histoire qui doit continuer ? Haïm Korsia : Elie Wiesel avait théorisé : « Entendre des témoins c'est devenir témoin soi-même ». Il y a quelques semaines, au centre Moadon, nous avons organisé un grand déjeuner avec un homme de 108 ans, Georges Loinger. Ce moment est essentiel. Il faut écouter le témoignage des anciens, puis ensuite le transmettre. Cet homme, né en 1910, nous a déjà raconté de nombreux moments de son existence si extraordinaire. Dernièrement il nous disait :   « Lorsque j’étais jeune, j’entendais la voix d’Hitler qui disait à la radio sa haine des Juifs ». Quand cet homme raconte, on vit le moment avec lui et on a l’impression d’entendre nous aussi la voix d’Hitler ! Il faut absolument écouter les anciens. Je pense à des gens comme Evelyne Askolovitch, ou Elie Buzyn, qui vient chaque année avec moi à Auschwitz, en dépit d’une immense sou ...

Vous devez être connecté(e)(s) pour accéder au contenu du journal

Je me connecte

Supplément du journal

Petites annonces

Votre annonce ici ? Ajouter mon annonce

Publicités

Bouton retour en haut de la page

Vous ne pouvez pas copier le contenu de cette page