Pourquoi la réponse judiciaire est si faible
La France est dotée d’un des meilleurs arsenaux législatifs, mais celui-ci ne semble aucunement dissuader les auteurs d’actes antisémites qui échappent trop souvent à une condamnation réelle et efficace. Analyse de la situation avec les avocats Francis Szpiner et Muriel Ouaknine-Melki. Depuis plus de vingt ans, les actes antisémites répertoriés chaque année en France se comptent en centaines et ne connaissent pas de baisse significative. L’arsenal législatif consacré à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme est pourtant bien étoffé et considéré au niveau européen comme étant l’un des meilleurs. Depuis 2002, et à la suite de la proposition de l’ancien député Pierre Lellouche, le caractère raciste ou antisémite d’une infraction constitue une circonstance aggravante qui accroît la peine prononcée. Dix ans plus tard, en février 2012, une délégation interministérielle consacrée à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme a aussi été créée. La Dilcrah symbolise la volonté de donner à la lutte contre ces fléaux une dimension globale, et même prioritaire, étant donné qu’elle est placée sous la tutelle du Premier ministre. Et pourtant. Les actes antisémites n’ont pas fléchi. Dans un climat d’impunité. Sans doute est-ce parce que l’on peine toujours à mesurer l’ampleur du problème. Francis Szpiner s’en souvient. « À l’époque du procès de l’affaire Ilan Halimi, on m’avait dit que c’était un scandale de parler d’une culture antisémite d’origine gauchiste ou islamiste. C’était pourtant bien de cela dont il s’agissait. Idem pour le rapport Obin [qui pointait l’islamisme à l’école - ndlr] qui, lors de sa publication en 2004, n’avait pas suscité l’émotion qu’il aurait due. Alors oui, il y a une réticence à nommer les choses pour ce qu’elles sont et un sentiment, diffus, qu’il ne faut pas jeter de l’huile sur le feu », explique-t-il à Actualité ...
