Pour une esth/éthique de l’art Judaïca
Parce qu’il met l’accent sur la prière, parce qu’il valorise la discussion savante, le judaïsme pourrait se définir comme étant une religion de livres et d’intériorité. L’accent serait donc mis sur une morale austère et des rituels codifiés, mais négligerait le Beau et son cortège supposé de frivolités. Bien sûr, le livre de l’Ecclésiaste dit le plaisir éprouvé par l’être humain portant des vêtements de qualité, mais n’est-ce pas la pensée grecque, l’ennemie du judaïsme, particulièrement à l’époque de Hanouka, qui s’est d’abord préoccupée d’esthétisme ? Les chandeliers au ciselé si raffiné qui font la fierté de l’art Judaïca ne seraient-ils pas les fruits d’une infection venue de Grèce, voire une injure à la victoire des Hasmonéens contre les armées d’Antiochus ? Donner du crédit à cette thèse condamnerait sans appel les créations de l’art Judaïca.Le judaïsme rabbinique, dont le développement fut concurrent de celui de l’hellénisme, s’est confronté à cette question dans le Talmud de Babylone, notemment à la page 133b du traité Shabbat. Deux maîtres, Rabbi Yo’hanan et Abba Shaoul, y interrogent le sens profond du verset de l’Exode « Il est mon D’ieu et je Le magnifierai » pour en proposer des explications parallèles.Pour Rabbi Yo’hanan, i ...