Pierre Nora, la passion de la France
Il faut tout le paradoxe d’un homme pour écrire Jeunesse à 90 printemps. Figure majeure de l’intelligentsia française, sans se définir, pour autant, comme un « intellectuel », amoureux des lettres qui a raté son entrée à Normale Sup' pour s'adonner, pendant une vie, au métier d’éditeur. Juif assimilé qui a refusé de faire sa bar-mitsva, avant un retour tardif au judaïsme… On le voit : l’homme d’une vie en a embrassé plusieurs. Enfant d’une famille bourgeoise emblématique du franco-judaïsme assimilé et cultivé, il doit sa vie sauvée, pendant l’Occupation, au lien avant-guerre de son père avec Xavier Vallat, devenu l’immonde commissaire général aux questions juives du gouvernement de Vichy, paradoxe de vie et de mort, alors qu’il n’est qu’un enfant. Il est aujourd’hui l’homme des débats et de l’ouverture d’esprit, qualité devenue très rare, dans un monde qui ne sait plus débattre calmement, et il en a tiré la conclusion que sa chère revue Le Débat devait cesser de paraître, faute d’espace pour une discussion civique approfondie. Pressé par ses amis d’écrire ses mémoires, il se livre dans un roman d’apprentissage entre « égo-histoire » et « Lieux de mémoire ».Celui qui a porté comme éditeur l’entreprise des « Lieux de mémoire » incarne à lui seul des pans ...
