Pierre Birnbaum : « Avec Fillon, l’émergence d’un sentiment de mise en danger du code culturel chrétien »
Actualité Juive : Comment interprétez-vous la mobilisation du vote catholique en faveur de François Fillon ? Pierre Birnbaum : Nicolas Sarkozy a été un repoussoir pour cet électorat, bien qu’il se réclamait des valeurs chrétiennes. François Fillon, lui, incarne celles-ci par sa vie, par sa socialisation politique et culturelle. Il s’est reconnu dans la « Manif pour tous » contre le mariage homosexuel, et a été soutenu par Sens commun, l’une des émanations de ce mouvement. Par son mode de vie, par son ancrage dans la Sarthe, il est en congruence avec ce dernier. Ce n’est pas le cas de Sarkozy qui incarnait une autre France, tournée vers le marché, l’argent, une manière d’être plus vulgaire qui n’est pas celle de la bourgeoisie venue de province. Quant à Alain Juppé, il représente un modèle de l’Etat s’étant un peu éloigné du code culturel dominant chrétien pour s’ouvrir davantage à l’ensemble des citoyens.On peut relever à mes yeux un jeu à trois : d’un côté, l’Etat, la laïcité libérale, une sorte de continuation du projet républicain avec Juppé ; de l’autre côté, un projet sarkozyste populiste, de tradition bonapartiste et d’appel à l’argent ; enfin François Fillon, incarnation d’une forme de ni-ni : ni l ...