Philippe Labro : « L’histoire de ma mère m’a profondément attaché à la nation juive »

Actualité Juive : Votre livre se place sous les mânes d’Albert Cohen, dont un extrait du « Livre de ma mère » est cité en exergue. Poser des mots sur sa mère, pour sa mère, est-il inévitablement un exercice délicat, douloureux ?Philippe Labro : Je ne suis pas sûr que cela soit délicat. Je crois en revanche que c’est essentiel. Peu d’écrivains n’ont pas écrit sur leur père ou leur mère ! Douloureux, oui, d’une certaine façon : cela m’a amené à une rupture de l’écriture pendant un an. La difficulté venait de revivre certains moments importants de ma relation avec ma mère mais aussi de retrouver les sensations de l’enfance. Cela a été d’autant plus le cas que je n’aimais pas ce que j’écrivais, que j’y voyais des banalités et des clichés. Mais je devais le faire, j’avais la mission, impossible, de répondre à l’appel de mes proches: « Un jour, tu écriras la vie de Mamika ».A.J.: Exigence habituelle chez vous ou traduction de la volonté exacerbée d’un fils d’honorer du mieux possible la mémoire de sa mère ?P. L. : Je suis toujours insatisfait de ce que j’écris. Je trouve que cela ne correspond pas aux modèles qui sont les miens, de Balzac à Hemingway en passant par Proust. Mais là, c’était encore moins satisfaisant parce qu’il s’agissait de ma mère. Je me demandais si j’allais parvenir à transmettre l’idée que je me faisais de cette femme, un monument d’amour parce qu’elle en a manqué. Le manque de tendresse dont elle a souffert pendant vingt ans, abandonnée par son père qui ne la reconnaît jamais et sa mère qui la balade de pension en pension, elle l’a renversé pour une tendresse quasi-universelle. A.J.: Renversement dites-vous. Les seules pages où le lecteur croit voir Netka, votre maman, rejoindre le second plan, se jouent au début des années 1940 ...

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