Paul Amar : « Ce n’est pas un hasard si autant de juifs quittent aujourd’hui la France »
Actualité Juive: Quel est le projet de votre livre ? Paul Amar : Je propose une réflexion sur ce que j’appelle l’hydre à deux têtes : l’islamisme et l’extrême-droite. La France, aujourd’hui, me renvoie à mon enfance algérienne. Ma famille a souffert d’un double antisémitisme : de « salon », avec les lois raciales de Pétain, et de « rue ». En allant à l’école, j’entends « sale juif », je me fais insulter, agresser. Je suis même blessé lors d’un attentat. Ce qui se passe aujourd’hui en France me rappelle ce double antisémitisme : de « salon », voire de plateau télévisé avec Jean-Marie Le Pen, et de « rue » : Sarcelles aujourd’hui, pour moi, c’est Constantine hier. A une différence près, et de taille. L’Algérie était en guerre. La France est, elle, en paix ! Malgré cela, l’antisémitisme a resurgi au début des années 1980 et s’est amplifié dans les des années 2000 avec Dieudonné. Il est même assassin. Ilan Halimi, les enfants de Toulouse, la tuerie de Bruxelles. A.J.: Sur Jean-Marie Le Pen, vous expliquez vos réticences à l’inviter par votre responsabilité de journaliste. P.A. : Au début des années 1980, le FN n’existe pas électoralement (2%). Or, à ce moment-là, réapparaît un homme de la IVè République, Jean-Marie Le Pen. Je rappelle qu’il avait insulté Pierre Mendès-France et s’en était pris à son physique. Il réapparaît pour des raisons mystérieuses. Il obtient très vite une tribune médiatique avec « L’heure de vérité » ou Jean-Pierre Elkabbach. Il est même plus souvent invité que les leaders centristes qui représentent pourtant plus de voix. Ces journalistes ont une grande responsabilité. En 1983, répondant à une question qui ne lui est pas posée, Le Pen déclare : « j’ai le droit de ne pas aimer Simone Veil, Chagall et Mendès-France ! » Pourquoi ces trois-là, à votre avis ? A Antenne 2, la rédaction se réunit – je suis chef du ...
