Pascal Bruckner : « L’islamophobie, un mot-bouclier »

Actualité Juive : Vous regrettez dans le livre une tendance  à la pathologisation de toute critique du Coran. Comment en est-on arrivé là ? Pascal Bruckner : On peut dater le grand tournant dans les années 1980. Un vieux mot qui existait dans le vocabulaire colonial, l’islamophobie – avec son pendant, l’islamophilie -, a été réutilisé par des théoriciens britanniques au moment de l’affaire Rushdie, pour devenir une arme extraordinaire pour contrer toutes les critiques contre l’islam dominant. C’est un mot-bouclier. Il est construit sur le même terme que « xénophobie » ou « homophobie » et permet de racialiser toutes les dénonciations que l’on peut émettre contre l’islam : on accuse alors son adversaire de stigmatiser les musulmans en général. Il s’agit d’un amalgame entre la persécution des croyants et la réfutation des croyances. A.J.: Pourquoi la cristallisation s’opère-t-elle autour de la religion ? P. B. : Parce que depuis 1979, la religion est revenue au centre du débat. On a commencé à voir s’exprimer une volonté de revendication et de revanche sur l’humiliation historique subie par l’islam pendant plusieurs siècles, notamment du fait de la colonisation. L’islam est devenu une identité, une supra-nationalité. Des hommes ne se disent plus « tunisien » ou « marocain » ; ils se présentent désormais comme « musulman ». C’est devenu une sorte d’internationale du Coran qui se reconnaît par-delà les frontières et les langues. Par cette opération,  l’islam s’est transformé en race. A.J.: Les pages que vous consacrez à la thèse d’une « culpabilité des victimes » et d’une « innocence des bourreaux » rappellent votre fameux  essai, publié en 1983, « Le sanglot de l’homme blanc » (Se ...

Vous devez être connecté(e)(s) pour accéder au contenu du journal

Je me connecte

Supplément du journal

Petites annonces

Votre annonce ici ? Ajouter mon annonce

Publicités

Bouton retour en haut de la page

Vous ne pouvez pas copier le contenu de cette page