Olivier Guez : « Mon livre est le récit d’une longue agonie » (Prix Renaudot 2017)
Actualité Juive : Tout au long du livre, Josef Mengele est appelé « Gregor », le prénom qu’il a emprunté durant la deuxième partie de sa vie en Amérique latine. Pourquoi ce choix ? Cela a-t-il un lien avec le célèbre personnage de Kafka dans « La Métamorphose »?Olivier Guez : J’ai voulu assumer ce changement d’identité. Cela met en perspective cette espèce de schizophrénie du fugitif qu’il est, lui qui croit pouvoir s’inventer une nouvelle vie à Buenos Aires. Je voulais que la narration soit fidèle à la réalité : c’est un moyen très simple de montrer la précarité de l’identité lorsqu’on est en cavale. Le fait que Grégor s’appelle comme le personnage de Kafka dans « La Métamorphose » est une excellente remarque que je me suis faite après la sortie de l’ouvrage. D’autant que dans l’une des premières scènes du livre, un cafard jaillit par hasard d’une bouche d’aération, mais tout cela était véritablement inconscient. Mengele n’a pas pu faire ce rapprochement non plus, car il ne pouvait pas avoir lu Kafka à cette époque. Il a pris le nom de l’homme qui se transforme en cafard et c’est un heureux hasard car Mengele incarne aussi cette transformation. Au fur et à mesure que se déploie sa vie, il montre ce qu’il peut y avoir de plus médioc ...