Nucléaire iranien, le jour d’après

Le IIIe Reich, l’URSS ou la Chine de Mao ? Il y a quelques années, un chercheur à la Fondation Carnegie avait établi, dans une note qui avait fait grand bruit, que trois options, ancrées sur trois références historiques, s’offraient aux décideurs internationaux face à la question nucléaire iranienne : la guerre préventive si on jugeait celle-ci identique à la menace nazie ; l’endiguement (containment) afin de contenir la République islamique d’Iran et à terme de l’épuiser à l’instar de l’empire soviétique ; l’engagement enfin pour l’ouvrir sur le monde comme ce fut fait avec la Chine dans les années 1970. Cinq ans après sa publication, cette équation à triple inconnue continue de structurer l’arrière-plan du paysage stratégique quelque peu remanié par l’accord signé à Vienne, le 14 juillet, entre la communauté internationale et l’Iran.Depuis son retour au pouvoir en 2009, Binyamin Netanyahou a défini l’Iran comme la priorité de son action militaro-diplomatique. « De même que les nazis ont voulu régner sur le monde en anéantissant le peuple juif, l’Iran cherche à contrôler la région [le Moyen-Orient] et à détruire l’Etat juif » martelait le Premier ministre israélien en avril dernier, quelques jours après la signature de l’accord-cadre de Lausanne qui, le 2 avril, pavait la voie au compromis trouvé trois mois plus tard dans la capitale autrichienne. Pour Jérusalem, l’« Iran Deal » a confirmé la volonté de Barack Obama de balancer entre l’endiguement et l’engagement avec Téhéran, écartant de manière claire l’option militaire.Un programme gelé pour quinze ansL’une des principales conséquences du Joint Comprehensive Plan Of Action (JCPOA), le texte d’une centaine de pages approuvé la semaine dernière, porte sur la reconnaissance internationale du programme nucléaire iranien. Ce n’est pas une mince victoire pour l’Iran dont plusieurs sites avaient été bâtis clandestinement – avant d’être révélés contre son gré – et qui faisaient l’objet d’une batterie de sanctions internationales depuis 2006. Certes, le régime iranien voit son programme gelé, dans sa composante militaire, pendant a priori quinze ans. Pour certains observateurs, l’avancée, loin d’être idéale, n’en est pas moins satisfaisante à court terme, au regard de la gravité de la situation qui précédait l’accord. « Il faut voir d’où l’on vient » explique à Actualité Juive François Heisbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique (voir interview page 23). « On peut nourrir des inquiétudes, mais je considère qu’il est moins difficile de vivre avec des doutes sur 10 ou 15 ans qu’avec l’inquiétude actuelle, à savoir la capacité iranienne de fabriquer huit à dix bombes ». La capacité iranienne d’enrichissement de l’uranium a effectivement été profondément réduite, l’Iran ne conservant que 300 kg d’uranium enrichi en-deçà de 3,67% - le taux d’enrichissement nécessaire à un programme civil - soit 2% de son stock actuel. Quant au réacteur à eau lourde d’Arak, socle de l’accès à la bombe via la filière du plutonium, il fera l’objet d’une restructuration afin d’en bloquer les dérivations militaires.Pas de démantèlement à la libyenneReste que les Israéliens ne sont pas les seuls, notamment parmi les Etats sunnites du Golfe, à regretter les concessions américaines. Ceux qui espéraient un démantèlement des installations, sur le modèle de ce qui fut imposé à Mouammar Kadhafi, en 2003, en échange de la réintégration de la Libye dans le système international, en sont pour leurs frais. « L’Iran n’a pas renoncé à ses ambitions de devenir un jour une puissance nucléaire militaire » constate Samy Cohen du Centre de recherches internationales de Science Po. « Il n’y a pas de quoi pavoiser. La menace demeure ».Selon l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA), l’Iran détenait en mai environ 20 000 centrifugeuses, dont la moitié en activité. Avec l’accord, seules 5060 installat ...

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