Michel Taubmann : « Lassana Bathily n’a sauvé personne sinon lui-même »
Actualité Juive : Vous venez de publier « Hyper Caché », le récit de Yohann Dorai, l'un des rescapés de la prise d’otages. Pourquoi ce livre ?Michel Taubmann : Il est né d'une rencontre en octobre dernier avec Yohann Dorai. J’ai été frappé par son immense souffrance. Certes, la prise d’otages n'a duré que quatre heures. Mais lui et les autres survivants ont été profondément et durablement traumatisés. Un an après les faits, ils souffrent de troubles du sommeil, font des cauchemars. Beaucoup sont encore en arrêt maladie.A.J.: Vous avez voulu les aider à témoigner de cette souffrance ?M.T. : Oui et leur redonner la parole. Car il faut le dire, les victimes de l'Hyper Cacher ont été quelque peu oubliées, occultées par rapport à celles de Charlie Hebdo. C'est un fait, qui n'a rien à voir avec une quelconque concurrence victimaire.A.J.: Pourquoi cet oubli, selon vous ?M.T. : Chronologiquement le carnage à Charlie Hebdo a eu lieu avant. Il a sidéré les esprits. Les victimes étaient bien connues, tant des journalistes que du grand public. Et puis, il faut aussi le dire clairement : inconsciemment, une partie de l'opinion n'est pas vraiment "surprise" lorsque des Juifs sont victimes d'un attentat. Comparé au drame de Charlie Hebdo celui de l'Hyper Cacher est apparu un peu « secondaire ».A.J.: D'où votre souhait de réparer cet oubli ?M.T. : En écoutant le témoignage de Yohann Dorai, je me suis rendu compte qu’on ignorait totalement le déroulé exact des événements. Alors j’ai interrogé d’autres otages, je suis allé à l’Hyper Cacher, j’ai fait ma propre enquête afin d’établir la vérité des ...
