MÉDECINE Axel Kahn : « Qu’est-ce qu’être « raisonnable et humain ? »
Dans son émission du 6 mai, sur RadioJ (www.radioj.fr), Serge Rafal a reçu le professeur Axel Kahn, médecin, généticien, oncologue, chercheur et président de la Ligue nationale contre le cancer. Extraits. Vous rendez hommage à vos parents qui ont dicté votre action et votre itinéraire en particulier à votre père décédé tragiquement dont une phrase vous a durablement marqué et vous poursuit.Professeur Axel Kahn : En effet, j’ai été très marqué par l’injonction paternelle, laissée sur une lettre manuscrite que j’ai retrouvée dans le train d’où il s’était jeté. J’avais alors 26 ans, j’étais un jeune médecin. Il m’enjoignait de rester raisonnable et humain. Cette injonction ne m’a jamais quitté dans ma pratique médicale et les autres activités de ma vie. Vous évoquez une autre injonction- jugement qui est prononcée par votre maman : « Vous ne faites que votre devoir et encore bien petitement ». A.K. : Elle rejoint celle de mon père. J’ai d’ailleurs demandé qu’on inscrive sur ma pierre tombale, le plus tard possible : « Fais ce que tu dois ». Les injonctions familiales étaient toujours dictées par le devoir… même si c’était souvent jugé affectueusement, petitement. Un pressentiment, le vaccin. Vous avez, Pr Kahn, on ne le sait pas assez, une expertise en infectiologie. A.K. : J’ai été préparé de longue date au « génie épidémique » en couvrant une épidémie de rougeole terriblement meurtrière chez les enfants en République centrafricaine puis en étant confronté à la fièvre de Lassa, l’épidémie heureusement localisée d’Ebola et la pandémie de sida. Et j’étais par conséquent préparé à la pandémie de Covid-19 qui est également de la génétique d’agents infectieux. Vous vous intéressez très tôt, dès jan-vier 2020, à l’épidémie de Covid dont vous pressentez immédiatement la gravité.A.K. : D’emblée, j’ai une vision assez claire, peut-être trop optimiste avec le recul. Je pense qu’on aura une poussée puis qu’on en aura fini ! Mais je sais que ce sera un coup de tabac et j’envisage un bilan d’environ 30 000 victimes. Mais j’évoque dès le mois d’avril sur France Culture la possibilité d’un vaccin, nous ne sommes pas nombreux à cette époque ...
